2005
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Idelette Muzart-Fonseca dos Santos, « Les œillets de mémoire : le 25-Avril dans les récits des migrants portugais en France », Matériaux pour l'histoire de notre temps, ID : 10.3406/mat.2005.1068
Un projet d’initiation à la recherche en histoire orale «Mémoires migrantes», en cours à l’université de Paris-X, s’est attaché à retrouver, dans les récits de vie recueillis auprès de Portugais résidant en France, les souvenirs précis ou plus diffus de la révolution d’avril 1974 et de ses conséquences. Ces entrevues ont permis la création, dans le cadre d’une exposition sur la révolution des OEillets, d’un «Mur de la mémoire» qui mêlait les fragments de récit aux titres de la presse française et portugaise de l’époque, mais aussi aux chansons que l’on chantait alors, s’efforçant de reconstruire le bruit, les voix et les inquiétudes de ce passé, tels qu’ils étaient et tels qu’ils sont devenus grâce au travail de la mémoire. Figure tutélaire et pierre angulaire de ce passé reconstruit, la figure de Mário Soares s’est imposée comme l’élément dominant. Parce que, d’une part, il a mis fin aux incertitudes de la période pré-constitutionnelle et que, d’autre part, il a assuré au pays la liberté dans le respect des lois. Au-delà de la proclamation réitérée de l’importance de la révolution des OEillets, les mémoires migrantes laissent transparaître aussi l’amertume de ceux qui se sentent étrangers à leur propre pays et parfois la rancoeur, en particulier des réfractaires qui avaient fui les guerres coloniales et qui voudraient voir aujourd’hui reconnu leur rôle historique dans la fin du régime salazariste.