Le secrétaire d’État et le Pape

Résumé Fr

Le secrétaire d’État est l’héritier d’une fonction qui, à l’origine, n’entrait pas dans la hiérarchie, celle de secretarius intimus (ou encore secretarius papae, secretarius major), à qui était confié le traitement de la correspondance et des affaires personnelles du Souverain Pontife. La confiance sur laquelle reposait le lien personnel entre le pape et le secretarius intimus plaçait le dépositaire qui en était investi à la fois à part et au-dessus du collège des secretarii chargés de la correspondance avec les nonces. L’assurance de cette confiance poussa les Souverains Pontifes au XVe siècle (sous le pontificat de Sixte IV) à favoriser un membre de leur famille, revêtu de la pourpre cardinalice pour marquer sa distinction au moment où le collège des secretarii pouvait compter parmi ses membres des évêques ou des archevêques. Ce fut l’institution du cardinal-neveu. Le népotisme était appelé à passer en langue courante comme un terme péjoratif, à l’instar de la simonie, et à alimenter l’anti-romanisme, même après la suppression de la fonction par Innocent XII en 1692. A contrario, et sans excès de paradoxe, on peut soutenir que durant plus de deux siècles d’existence, la charge de cardinal-neveu façonna un style et établit une tradition d’allégeance à la personne du pape qui devait perdurer, surtout dans les tribulations politiques, intérieures et internationales, du Saint-Siège à partir de 1790.