Flavius Josèphe comme témoin des rites de victoire romains

Résumé Fr

En tant qu’acteur et témoin de la révolte des Juifs contre Rome (66-70), Flavius Josèphe a indéniablement sa place dans l’histoire militaire de l’Antiquité. Après la prise de Jérusalem en 70, l’ancien général juif devenu l’interprète de Titus note avec sans doute plus de soin que ne le ferait un Romain les rites qu’il découvre à l’occasion de la victoire romaine. Ses descriptions se répartissent en trois phases : 1) au terme de l’assaut contre le Temple qui marque l’étape finale du siège, le sacrifice aux enseignes. En l’occurrence, le lieu du sacrifice n’est pas indifférent : les vainqueurs utilisent très certainement l’ancien autel du Temple face à la porte de bronze qui a résisté aux flammes. Ce choix peut être interprété comme une substitution de divinités et une romanisation de l’espace ; 2) la remise des récompenses. Lors d’une grandiose cérémonie, Titus harangue ses troupes, distribue des objets précieux et des parts de butin, puis vient le moment de remercier les dieux par des sacrifices, sans doute une ou plusieurs hécatombes car Josèphe ne mentionne que des boeufs. Le banquet de fête ne dure pas moins de trois jours ; 3) le triomphe des Flaviens Vespasien et Titus auxquels est associé aussi Domitien à Rome. Il s’agit là de la description la plus précise que nous possédions d’un triomphe romain : tenue des vainqueurs, itinéraire du cortège, pause pour les prières d’usage et les sacrifices, défilé des prises de guerre jusqu’au temple de Jupiter Capitolin, annonce de l’exécution du chef rebelle et enfin sacrifices et prières rituelles. Une question peut être soulevée à partir de certains propos prêtés à Titus et du fait du transfert du tétradrachme payé par les Juifs au fiscus judaicus du temple de Jupiter : y a-t-il eu lors du siège des rites d’evocatio que Josèphe n’était sans doute pas à même de comprendre tout en nous en donnant des indices ? Cette hypothèse impliquerait que l’evocatio, généralement considéré comme un rite archaïque sorti d’usage, était encore en vigueur ou avait du moins laissé quelques traces.