1987
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Jean-Claude Goyon et al., « C1 — Enveloppes, déroulement et premières constatations », Publications du musée des Confluences, ID : 10.3406/mhnly.1987.1071
La première étape de l'examen intégral de la momie égyptienne anonyme 90001255 du Musée Guimet d'Histoire Naturelle de Lyon, succédant à l'investigation préliminaire au «scanner», a comporté le démaillotage complet. Sept enveloppes successives de linceuls de lin, bourrages et bandelettes, ont été relevées. Certaines pièces d'étoffe utilisées en tampons entre les couches paraissent avoir appartenu à la voile d'une barque ; une tunique entière a été retrouvée. La momie elle-même était celle d'un homme d'environ 40 ans gisant les bras allongés le long du corps ; traité au natron et à la résine coulée à chaud, présentant partout une couleur noire brillante, le cadavre avait été éviscéré par le flanc gauche de l'abdomen, les organes internes ayant été détachés de leurs emplacements naturels à l'aide d'instruments tranchants. Des observations nouvelles ont pu être faites sur les méthodes chirurgicales antiques mises en œuvre. Les paquets canopes, au nombre de cinq, sans bandelettes et enrobés de résine, étaient présents, replacés dans le thorax, l'abdomen et le haut du bassin ; le cœur était contenu dans un des paquets. Le crâne avait été nettoyé et traité par le nez, avec perforation de l'ethmoïde depuis l'extérieur par chaque narine ; les mêmes voies d'accès avaient été empruntées pour tapisser totalement la cavité crânienne à l'aide de résine liquide introduite à chaud et répartie par manipulations posturales, également pratiquées lors du drainage de la matière cérébrale. La résine employée était identique à celle répandue sur et dans tout le corps, protégeant aussi les canopes ; le produit était parfois malléable à la partie inférieure des couches épaisses accumulées dans la zone postérieure du corps. Les premières analyses montrent qu'il doit s'agir d'un amalgame de résines et oléo-résines végétales, excluant totalement le bitume. La nature et les modes de pose des enveloppes d'étoffe, les caractéristiques de la momification observées correspondent aux attestations consignées pour la période allant du IVe au Ier siècle avant notre ère (époque ptolémaïque).