1997
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Sylvain Rotillon, « Les événements hydrologiques majeurs du siècle passé sur les rivières du Jura : impacts directs et indirects/The main hydrologie events of the nineteenth century on the Jura's streams.Direct and indirect impacts », Géomorphologie : relief, processus, environnement, ID : 10.3406/morfo.1997.933
Au cours du XIXe siècle de fortes crues ont affecté les rivières du piémont du Jura. Une lecture approfondie des documents d'archives et de la presse régionale permet de distinguer quelles furent les crues les plus importantes ; des documents cartographiques anciens nous renseignent sur les évolutions des systèmes fluviaux en regard de ces événements. A l'aide de ces différentes sources, on peut constater que les cours d'eau n'ont pas été marqués de la même façon par les crues. Une première relation semble s'établir entre les cours d'eau dont la dynamique est la plus forte et ceux qui ont connu le plus de changements. Ainsi la Loue, rivière de forte énergie, voit son cours nettement modifié au cours de cette période alors que la Brenne, rivière de faible énergie, n'est que peu modifiée. Pourtant cette relation directe n'est pas aussi simple qu'il y paraît. En effet, les changements majeurs subis par ces systèmes fluviaux s'avèrent être provoqués dans leur majorité par l'intervention de l'Homme, par le biais de rectifications et d'endiguements. Ces travaux ne sont cependant pas sans rapport avec les événements extrêmes, mais en sont bien souvent la conséquence. Nous pouvons ainsi déceler un impact morphologique indirect de ces très fortes crues. Cette dépendance des aménagements n'est pas sans conséquence. Certains ouvrages sont ainsi surdimensionnés et donc coûteux pour la collectivité. En outre, les fortes crues restent rares, une par génération en moyenne, et si l'on est généralement prêt à payer pour se protéger après la crue, il est beaucoup moins fréquent que l'on accepte de payer pour l'entretien des ouvrages. Ainsi les syndicats de digues ont une durée de vie assez courte. Un sentiment de sécurité se développe jusqu'à la crue suivante qui va emporter l'ouvrage et provoquer des dégâts d'autant plus importants qu'ils n'étaient pas prévus. Le problème n'est pas réellement différent aujourd'hui si ce n'est que les travaux récents permettent un écoulement sans débordement de crues plus fortes qu'autrefois et surtout que nous n'avons pas enregistré de très fortes crues depuis le XIXe siècle.