Accidents cassants dans des glaciers rocheux du Beaufortin (Alpes françaises du Nord) : origine gravitaire ou néotectonique ?/Scarps in rock glaciers of Beaufortin (Northern French Alps): a gravity or neotectonic origin?

Résumé En Fr

In the Beaufortin crystalline group (Savoy, Northern French Alps), the authors have discovered several rectilinear scarps 1 to 5 meters high, which are up-hill facing scarps located at the foot of steep slopes. The detailed geomorphological analysis of two areas (La Légette du Grand Mont, 2366; Tête Rouge, 2219 m) allows to show the continuation of these scarps in fossil rock glaciers and several periglacial and glacial materials, as well as their coincidence with main structural trends (N 25° E to N 40° E). For these scarps, two hypothesis are discussed: the neotectonic one (fault reactivation) and the gravitational gliding of the rock mass in response to the last generalized glacier retreat. In spite of quantitative data concerning the present relative displacements of alpine ranges and earthquakes occurrence in a regional extent (in La Savoie), the first hypothesis cannot be selected for lack of doubtless argument. The second one is consistent with the local morphological context and with different models built for large-scale spreading of steep-sided rock mass.

Dans le massif cristallin externe du Beaufortin (Savoie, Alpes françaises du Nord), les auteurs ont repéré plusieurs ensembles d'abrupts rectilignes de hauteur modeste (1 à 5 m), inscrits à contre-pente au pied des versants en pente forte. L'analyse géomorphologique détaillée des deux secteurs proches de la Légette du Grand Mont (2366 m) et de Tête Rouge (2219 m) permet de montrer la continuité de tels abrupts dans des modelés de glaciers rocheux fossiles, et au-delà, dans des matériaux périglaciaires et glaciaires variés, ainsi que la coïncidence de leur tracé avec des directions structurales majeures (N 25° E à N 40° E). Deux hypothèses relatives à l'origine de ces abrupts sont discutées : celle d'un rejeu de failles, et celle d'un fonctionnement gravitaire des massifs rocheux, consécutif à la dernière déglaciation généralisée. En dépit des mouvements actuels mesurés en divers massifs de Savoie et d'une activité sismique attestée à l'échelle régionale, l'absence d'argument décisif de terrain ne permet pas de conclure en faveur de l'hypothèse néotectonique. L'hypothèse gravitaire paraît plus compatible avec le contexte morphostructural local et s'appuie sur divers modèles d'affaissement des versants rocheux en pente forte.