2000
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Bernard Dumas et al., « Périodicités de temps long et de temps court, depuis 400 000 ans, dans l'étagement des terrasses marines en Calabre méridionale (Italie) / Long and short timing from 400000 years in the stepped marine terraces in Southern Calabria (Italy) », Géomorphologie : relief, processus, environnement, ID : 10.3406/morfo.2000.1041
Entre 0 et 520 m d'altitude, quatorze terrasses marines dites majeures ont été soulevées à la vitesse de 1,24 m/ka au long de 50 km de côte entre Villa San Giovanni et Mèlito di Porto Salvo. Ces terrasses d'une largeur d'au moins 60 m, souvent dominées en bord interne par une falaise d'un commandement égal ou supérieur à 10 m, se distinguent des terrasses de moindres dimensions dont les rivages s'intercalent entre ceux des terrasses majeures. Mises en relation avec des courbes isotopiques (SPECMAP/ODP 677 ou ODP 984), cinq des terrasses majeures (TM 10, TM 170, TM 290, TM 400 et TM 510) sont attribuées aux stades interglaciaires 1, 5.5, 7.5, 9 et 11, répondant ainsi à une périodicité de temps long de l'ordre de 100 ka. La prise en compte des quatorze terrasses majeures fait apparaître une autre période moyenne de retour de temps long de 30 ka. Dans la tranche d'altitude 0-170 m, les six terrasses majeures dont les lignes de rivage principales sont portées à 8, 49, 71, 90, 119, et 167 m d'altitude moyenne constituent des niveaux-repères au sein d'un ensemble de trente et un paléorivages. D'après les courbes isotopiques à haute résolution Vostok, GREP et GISP 2, entre le début du stade interglaciaire 5.5 et le minimum glaciaire (stade 2) les lignes de rivage dites intercalaires se corrèlent à des oscillations thermiques secondaires qui inversent ou arrêtent momentanément la tendance au refroidissement faisant suite à chaque pulsation majeure. Plutôt qu'à des séismes, pourtant notoires dans cette région du monde, ces paléorivages se trouvent ainsi attribués à des pulsations glacio-eustatiques mineures, ou à des pauses qui prennent place pendant le déroulement des principales régressions marines. En définitive, c'est une périodicité moyenne de l'ordre de 3 ka qui rythme la série des trente et un rivages, c'est à dire un temps de retour de 10 à 33 fois plus court que la double périodicité moyenne qui régit le façonnement des seules terrasses majeures. Celles-ci sont des formes composites résultant de l'addition de plates-formes marines associées à des lignes de rivage intercalaires. Elles traduisent la dissymétrie entre une remontée marine brutale, et de forte amplitude survenant tous les 30 ka et une descente d'une durée plus longue affectée d'oscillations mineures à période de retour de 3 ka.