1987
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Département des diagnostics de l'OFCE et al., « Le sursis », Revue de l'OFCE, ID : 10.3406/ofce.1987.1108
Après les bouleversements qui avaient marqué l'année 1986, une série de pauses ou de remises en ordre se sont effectuées en 1987. Le dollar a cessé de se déprécier. Le prix du pétrole, revenu à 18 dollars le baril, s'est stabilisé à ce niveau. La croissance économique s'est poursuivie à un rythme lent dans les économies dominantes. Les importations mondiales de produits manufacturés ont continué à progresser modérément, tandis que les parts de marché se rééquilibraient un peu entre les grands pays industrialisés. Le climat des affaires s'en trouve amélioré depuis quelques mois. Mais tout cela ressemble plus à un sursis qu'à la première phase d'une croissance économique mondiale stable. Les équilibres observés récemment sont fragiles. Le risque majeur est celui de l'amorce d'une dépréciation incontrôlée du dollar suscitant une réaction restrictive de la politique monétaire américaine. En effet les préoccupations inflationnistes sont grandes bien que la réalité ne soit pas pour le moment alarmante. Même si une telle éventualité était évitée, l'économie américaine risque de s'engager dans une phase de récession au cours de l'année 1988. Le Japon et la RFA ne seront guère dynamiques. Le Royaume-Uni et l'Italie, actuellement à contre-courant, verront leur croissance se ralentir. La légère remontée des cours des matières premières, énergétiques et autres, alimentera un peu les importations des zones en développement. Mais au total le commerce mondial ira en se ralentissant. En France une reprise de l'activité est probable au cours des mois à venir. Mais elle serait de faible ampleur, le PIB progressant de 1,4 % en 1987 et 1,8 % en 1988. La consommation des ménages n'est désormais plus soutenue par des salaires réels en hausse. Seule subsiste la croissance des revenus non salariaux, complétée par des baisses d'impôts. Mais la nécessité de comprimer les déficits des régimes sociaux impose de limiter les revenus indirects ou d'élever les cotisations. Le résultat est identique pour le revenu des ménages : une faible croissance. Le crédit à la consommation prend le relais et atténue pour les achats les fluctuations trimestrielles du revenu, permettant une croissance de l'ordre de 2 % de la consommation. L'investissement des entreprises a pu et pourra encore progresser davantage que l'activité grâce à l'assainissement financier qui a résulté de la politique salariale, puis de la baisse du prix du pétrole. Les restructurations se développent, mais, en l'absence d'une demande en forte croissance, on imagine mal comment l'effort d'équipement pourrait s'intensifier à l'avenir. Les révisions en baisse des projets des entreprises pour 1987, opérées entre la fin de 1986 et le printemps 1987, illustrent en France comme ailleurs cet obstacle. A l'exportation les performances resteront médiocres. Des pertes de parts de marché sont encore certaines même si elles sont atténuées par la légère reprise de la demande des pays en développement et le succès de secteurs tels l'aéronautique civile et l'automobile. Et la croissance de la demande intérieure, pourtant faible, ne se transmettra que partiellement à la production du fait d'importations élevées. C'est le coût du handicap de la faible compétitivité externe : un creusement du déficit commercial peut aller de pair avec une faible croissance. Un peu plus de 3 % de hausse de l'investissement en 1987 et en 1988 suffisent à dégrader le solde extérieur, mais pas à remettre les produits nationaux au niveau des produits concurrents. Le contre-choc pétrolier n'aura ainsi permis qu'une année d'excédent des paiements courants, 1986. On s'éloigne désormais de l'équilibre, alors que le déficit énergétique est réduit et que la demande en France risque d'être plutôt inférieure à celle de ses partenaires.