1996
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Andrew Brociner et al., « La Bundesbank : une orthodoxie pragmatique », Revue de l'OFCE, ID : 10.3406/ofce.1996.1417
Les commentaires et analyses relatifs à l'action de la Bundesbank mettent généralement en exergue le rôle des agrégats monétaires. La Bundesbank y contribue au premier chef, en donnant à son discours un fort accent quantitativiste. L'antériorité de l'adoption d'une politique monétaire axée sur le respect d'objectifs quantitatifs (fin 1974) et les performances de l'Allemagne en termes d'inflation ont fait le reste. Si la théorie quantitative de la monnaie a en quelque sorte gagné ses lettres de noblesse avec la Bundesbank, c'est pourtant grâce à une approche non dogmatique de la théorie que l'Allemagne n'a jamais en fait connu d'épisode monétariste pur (du type de celui expérimenté par la Fed au début des années quatre-vingt). La Bundesbank privilégie plutôt une approche pragmatique, selon laquelle le respect de l'objectif final de préservation de la valeur de la monnaie que lui assignent ses statuts prime sur l'interprétation dogmatique de la théorie quantitative de la monnaie. Reconnu et revendiqué par la Bundesbank, ce pragmatisme fonde sa fonction de réaction et a des implications spécifiques. L'attachement à la théorie quantitative de long terme, grâce à laquelle la théorie monétaire « possède (un) fondement solide »\ dicte à la politique monétaire de se consacrer exclusivement à la stabilité des prix et donc de ne pas inclure le chômage dans sa fonction objectif. Or, le respect de sa mission incite la Bundesbank à intervenir en permanence dans l'arbitrage entre inflation et chômage. Ce constat, empirique, soulève le problème de la réaction aux chocs de court terme. Suivies à la lettre, les conclusions que tire la Bundesbank de la théorie monétaire concluent à la neutralité d'une banque centrale à l'égard des chocs non monétaires, l'inflation restant, à long terme, un phénomène monétaire. Les conditions concrètes dans lesquelles interviennent les chocs de court terme poussent cependant la Bundesbank, pragmatiquement attachée à la stabilité de la valeur de la monnaie, à intervenir activement.