2006
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Philippe Davezies, « Tensions et orientations du système français de santé au travail », Santé, Société et Solidarité, ID : 10.3406/oss.2006.1115
Les conceptions qui ont conduit à la mise en place du système français de santé au travail présentent deux caractéristiques particulières: une approche des atteintes à la santé par le travail en terme d’indemnisation beaucoup plus qu’en terme de prévention et une prééminence de l’approche médicale, essentiellement préoccupée d’hygiène des individus et de tri des populations. À partir de 1946, la fixation de ces traditions dans les dispositifs réglementaires va constituer un obstacle à l’évolution de la doctrine et un facteur de paralysie d’un système de santé essentiellement orienté vers la détermination de l’aptitude des individus. Il faudra attendre les années 1970 pour voir émerger l’exigence d’une action sur les conditions de travail. Ce mouvement a connu une très sérieuse accélération à partir de la fin des années 1980, sous l’influence de l’harmonisation de la législation européenne, qui contraint la France à rattraper son retard, et sous la poussée des associations de victimes de l’amiante. L’adoption du Plan Santé Travail par le gouvernement, en 2005, témoigne de cette exigence de réorientation. La situation demeure néanmoins marquée par un facteur préoccupant: l’affaiblissement des capacités d’expression des salariés français, alors qu’une réelle politique de prévention est difficilement imaginable sans leur participation.