La santé publique face aux nouveaux défis en France

Résumé En Fr

Health status in France is characterized by the coexistence, on the one hand, of quite favourable global health indicators and, on the other hand, data showing a significantly high rate of premature mortality, in particular among men, as well as persistent health inequities, revealing a gap when it comes to taking the determinants of health into account. At the same time, the healthcare system in France is oriented towards curative medicine, with a high predominance of hospital care. In this context, a reorganization of the whole system has been underway for several years. In 2004, many laws were adopted, affirming the state’s jurisdiction in the area of healthcare. Since that time, there has been much debate and numerous reports have been written, leading to the creation of regional healthcare agencies (ARS). The setting up of these regional agencies confirms the predominance of the regional level and provides a precise configuration of the perimeters of the various healthcare responsibilities, bringing prevention, ambulatory and hospital care, health and safety, and care for seniors and persons with disabilities together within the same entity. This development, however, raises two essential questions. On the one hand, under this new mechanism, what will be the role and influence of local communities in the implementation of community-based prevention strategies? On the other hand, on what basis will decisions be taken, in practice, concerning the financial trade-offs to be made between budgets allocated to primary prevention strategies and health promotion, the development of secondary and tertiary prevention strategies, and lastly, care, taking into account the risk that resources will be gobbled up by one or another of these areas?

La santé en France se caractérise par la coexistence d’indicateurs de santé globaux plutôt favorables et de données montrant une mortalité prématurée évitable importante, notamment chez les hommes, et des inégalités de santé persistantes, signant un déficit dans la prise en compte des déterminants de santé. En parallèle, le système de santé français est tourné vers le curatif, avec une forte prépondérance des soins hospitaliers. Dans ce contexte, une réorganisation de l’ensemble du système est en oeuvre depuis quelques années. 2004 a été marquée par l’adoption de plusieurs textes législatifs qui affirment la compétence de l’État dans le domaine de la santé. Depuis, les réflexions et les rapports se sont multipliés, aboutissant à la création des agences régionales de santé (ARS). La constitution de ces ARS confirme la prédominance du niveau régional et donne une configuration précise du périmètre de compétences du champ de la santé, alliant prévention, soins ambulatoires et hospitaliers, sécurité sanitaire et dépendance des personnes âgées et handicapées au sein d’une même entité. Cette évolution pose toutefois deux questions essentielles. D’une part, quelles seront, dans ce nouveau dispositif, la place et le rôle des collectivités locales dans la mise en oeuvre des actions de prévention en proximité? D’autre part, comment se décideront, en pratique, les arbitrages financiers entre les enveloppes dédiées aux actions de prévention primaire et de promotion de la santé, celles liées au développement des actions de prévention secondaire et tertiaire, et enfin celles liées aux soins, avec un danger de «phagocytose en chaîne»?