1975
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C. Andrew et al., « Le mouvement colonial français et ses principales personnalités (1890-1914) », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1975.1875
Le mouvement colonial français avant 1914 était constitué d'une soixantaine de sociétés coloniales, les unes d'intérêt général, les autres consacrées à un secteur géographique déterminé. Les unes prônaient l'expansion coloniale, en général par nationalisme ; les autres s'intéressaient avant tout au développement économique. Certaines exercèrent une influence décisive sur la politique officielle ; d'autres furent pratiquement sans aucune importance. Ce qui regroupait ces associations si disparates en un ensemble, c'était l'appartenance des mêmes hommes à plusieurs sociétés, en particulier dans les instances dirigeantes ; ce phénomène est particulièrement mis en valeur ici. Si les chefs du mouvement colonial surent exercer une pression remarquablement efficace sur le gouvernement pendant toute la période considérée et encore pendant la Grande Guerre, leurs tentatives, après 1900, pour transformer le parti colonial en un mouvement de masse échouèrent. Avant 1914, la plupart des sociétés coloniales avaient moins de 1 000 membres ; et les membres actifs ne constituaient qu'une faible minorité de cet effectif. Le total des militants réels ne dut pas dépasser 500 ; les auteurs ont identifié les 200 personnalités qui semblent avoir eu le plus d'activité au sein du mouvement. Dans ce nombre, la proportion des parlementaires est élevée ; mais ils appartenaient avant tout aux partis du Centre qui formèrent les majorités de gouvernement successives. Les autres personnalités — administrateurs, professeurs, militaires, hommes d'affaires — étaient également assez représentatifs de leur profession. Au fond, ce qui les distinguait de leurs contemporains, c'était leur foi dans l'empire, une foi due à des relations familiales ou d'amitié, à des intérêts scientifiques, littéraires ou économiques, voire à une responsabilité politique ou coloniale plus ou moins accidentelle. Un bon nombre de ces militants avaient, il est vrai, des intérêts d'affaires, mais ces intérêts ne semblent pas avoir été déterminants dans leur soutien à l'expansion coloniale, et on ne peut pas dire que les hommes d'affaires aient dominé le mouvement colonial.