1976
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Jean-Claude Debeir, « Une Approche des exportations de français de 1919 à 1930. Substitutions et concurrences », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1976.1946
Une réglementation interdisant les exportations de capitaux français avait été progressivement mise en place pendant les années de guerre ; la loi du 3 avril 1918 reprenant ces différentes interdictions en est elle ne sera abrogée, malgré de nombreuses pressions des milieux d'affaires, que le 10 janvier 1928. En dépit de cette législation, le mouvement d'exportation de capitaux recommença à partir de 1921, après deux années de liquidation du passif lié à la guerre. Mais deux changements importants et durables sont apparus, étroitement associés : les capitaux à court terme, qui représentaient une faible partie de l'ensemble des capitaux exportés avant 1914, constituent maintenant l'essentiel car c'est du non-rapatriement des sommes tirées de l'exportation des marchandises que se nourrit le mécanisme ; le mouvement, orienté surtout avant la guerre vers les pays industriellement moins développés, s'oriente maintenant vers les grandes places financières internationales. Trois périodes peuvent être distinguées. Une première, de 1919 à 1926, liée aux difficultés de l'après-guerre et de la reconstruction, pendant laquelle la France retrouve une possibilité économique d'exporter des capitaux, comme le montrent les statistiques et comme en témoigne l'opinion autorisée, mais où l'exportation se fait globalement en remboursement de la dette contractée pendant la guerre. Après la stabilisation de fait du franc en décembre 1926 commence une seconde période, où le contrôle par la Banque de France des mouvements de capitaux permet aux exportations de capitaux de s'accroître jusqu'en 1928. Les années 1929 et 1930 constituent une troisième période pendant laquelle les mouvements de capitaux s'inversent : la France, pays de monnaie stable, attire maintenant les capitaux en mal de de sécurité, mais le faible rendement de ces capitaux en métropole s'accompagne d'une prospection des placements possibles dans l'empire colonial, annonçant les solutions du « repli colonial ».