1977
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Michel Roussier, « L'Education des enfants de Toussaint Louverture et l'Institution nationale des colonies », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1977.2033
Dans les instructions données à ses agents à Saint-Domingue, le Directoire insistait sur la nécessité de développer l'instruction publique et la venue et l'éducation en France d'enfants noirs. Toussaint Louverture demanda aussitôt cette faveur pour deux de ses enfants qui furent envoyés en France avec cinq autres jeunes Noirs. Arrivés en France, avant même que le Gouvernement ait été prévenu de leur départ, ils furent d'abord placés à l'École de Liancourt, puis confiés le 3 février 1797 à Jean-Baptiste Coisnon, ancien principal des collèges de la Marche et de Navarre. En octobre 1797, Coisnon installait sa maison d'éducation au Collège de la Marche qui prit bientôt le nom d'Institut national des Colonies. C'était un établissement privé auquel le Gouvernement confiait deux catégories d'élèves : d'une part des fils de Noirs ou de mulâtres qui avaient rendu des services à la France, ou des fils d'officiers décédés dont il prenait en charge la pension ; d'autre part, des enfants de colons réfugiés dont il avançait le prix de la pension et se remboursait sur les revenus des propriétés à Saint-Domingue. Ces élèves recevaient la même éducation que les autres élèves de Coisnon. C'est ce caractère semi-officiel de l'établissement qui nous vaut un grand nombre de documents sur les élèves, leurs études et la vie scolaire à cette époque. L'échec de l'expédition Leclerc interrompit l'envoi en France de nouvelles recrues et provoqua le renvoi des élèves de couleur, mettant fin ainsi à une expérience qui ne put porter tous ses fruits.