Quelques observations sur l'Ouest africain chez Ptolémée

Résumé En Fr

A recent study of R. Thouvenot prétends to identify the noticeable points of the Inner Libya sea-shore mentioned by Ptolemy. Thouvenot simply translates in termes of kilometers (using 80 km for 1 °), the geographical data given in latitude and longitude degress by Ptolemy. Thus, the latter would have described with a lot of details the interior of the western coast of Inner Libya that is from the Draa to Conakry. The author of the present article intends to demonstrate the fallaciousness of that kind of reconstitution. The starting point of Ptolemy's description is actually the wadi Sebu and not the Draa ; it includes several repetitions and probably some inversions. The results to which Thouvenot cornes are not reconcilable with the climatical data nor with the orography of the region. A global view of Ptolemy's Africa reveals such serious discrepancies, that the hope of situating places in a satisfactory way by means of attributing a fixed value to the geographer's degree, is ruled out. A recent article concerning Ptolemy's Spain moreover cornes to the same conclusion. Therefore, priority should be given to a rather patient work of reconstruction based on a research from ancient geographical sources. As already noted by R. Mauny in 1947, the main field for such researches is toponymy.

Dans une récente étude, R. Thouvenot prétend identifier les points remarquables du littoral de la Libye Intérieure mentionnés par Ptolémée, en se contentant de transformer en distances kilométriques les données du géographe exprimées en degrés de longitude et de latitude, à raison de 80 km pour 1°. Ptolémée aurait ainsi décrit la côte occidentale de la Libye Intérieure depuis le Draa jusqu'à Conakry, avec un assez grand luxe de détails. L'auteur du présent article entend montrer que ce genre de reconstitution est totalement illusoire. Le point d'origine de la description de Ptolémée est, en réalité, l'oued Sebou, et non le Draa ; elle comporte de plus de nombreux doublets et probablement des interversions. Les résultats auxquels parvient R. Thouvenot ne sont pas conciliables avec les données climatiques ni avec l'orographie. Une prise en considération plus globale de l'Afrique de Ptolémée fait apparaître de profondes incohérences si bien qu'il faut perdre l'espoir d'obtenir des localisations satisfaisantes en attribuant une valeur fixe au 'degré du Géographe. Un article récent portant sur l'Espagne de Ptolémée parvient d'ailleurs à la même conclusion. Il convient donc de donner la priorité à un patient travail de recoupement mené à partir des sources anciennes d'information géographique. Comme le notait déjà R. Mauny en 1947, la toponymie est le champ essentiel de telles recherches.