1981
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Yves Person, « L'État-Nation et l'Afrique », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1981.2301
L'auteur a voulu marquer le caractère particulier de la formule d'État national que la colonisation a étendue à l'Afrique. Il rappelle que si une bonne moitié des sociétés africaines a connu des formations de type étatique avant la colonisation, elles ne correspondaient pas à la forme particulière qu'a été l'État-Nation né en Europe, qui n'a vraiment cristallisé qu'à partir du XVIIIe siècle. L'auteur ajoute que l'Europe a transféré son modèle à l'Afrique d'une manière unilatérale. L'État-Nation en Afrique ne provient pas d'une évolution des sociétés africaines. La coupure est beaucoup plus profonde au moment de la colonisation que celle que l'on met en valeur actuellement au niveau de la décolonisation. Il y a en fait continuité entre l'État contemporain et la colonie qui l'a précédé. L'auteur insiste sur le fait que l'usage du concept d'Etat-Nation, qui paraît en grande partie fictif en Europe, l'est particulièrement en Afrique Noire et que la fixation sur ce système de valeurs, tel qu'il été transféré par la colonisation, bloque toute reconstruction originale des sociétés africaines. L'auteur pense de même que la fragilité des États de l'Afrique actuelle, leur impuissance à contrôler l'évolution de leurs sociétés et à éveiller le dynamisme latent de leurs communautés de base sont dues en partie à ce blocage idéologique. L'auteur affirme que l'Afrique possède des tissus vivants de communautés de cultures qui pourraient lui permettre de reprendre l'initiative et de participer de façon originale et créatrice, à une communauté mondiale.