1993
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William Beinart, « La nuit du chacal : moutons, pâturages et prédateurs en Afrique du Sud de 1900 à 1930 », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1993.3083
Ceci est une tentative pour fusionner l'histoire agraire et l'histoire de l'écologie en intégrant une analyse d'une modification de comportement animal dans une discussion du contrôle de l'État sur l'élevage ovin. Dans les premières décades du XXe siècle, le nombre des moutons élevés pour leur laine a fait un bond jusqu'à 45 millions de têtes. L'Afrique du Sud fut l'un des pays du monde où l'élevage était le plus dense. Il en résulta une énorme pression sur les pâturages, aggravée par le système du kraaling installé pour protéger les moutons contre les voleurs et les prédateurs. Les chacals étaient considérés comme les principaux prédateurs, leur comportement semble avoir changé en même temps que l'élevage entraînait des modifications de leur habitat. L'administration augmenta les primes pour la chasse aux prédateurs et encouragea la clôture des prairies pour préserver les pâturages. La conséquence en fut l'abattage de nombreux chacals : la conservation signifiait la destruction des animaux sauvages afin de favoriser les animaux domestiques. L'organisation des pâtures ne fit pas immédiatement croître le nombre de moutons, car il y eut des pertes massives, environ un tiers du troupeau, au cours de la sécheresse et de la crise économique du début des années trente.