1993
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Françoise Thésée, « La révolte des esclaves du Carbet à la Martinique (octobre-novembre 1822) », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1993.3148
Après l'avènement de la République noire d'Haïti en 1804, puis l'abolition de la traite des Noirs en 1815, la conscience d'une liberté possible s'est développée chez les esclaves des petites Antilles. A la Martinique, dans la nuit du 12 au 13 octobre 1822, ceux qui travaillent sur les caféières du Morne Vert se révoltent. Les rebelles cherchent d'abord des armes chez leurs maîtres, en tuent deux, en blessent sept et perdent un temps précieux, si bien que lorsqu'ils s'apprêtent à rejoindre les complices qui les attendent dans le bas-Carbet pour, ensemble, rallier les ateliers des sucreries et marcher sur Saint-Pierre, ils se heurtent aux premiers gendarmes envoyés du Carbet. Effrayés, ils se dispersent et s'enfuient dans les bois profonds. La chasse aux nègres s'organise, tandis que le gouverneur Donzelot lance sur les insurgés les milices de couleur du Fort-Royal. Les derniers chefs ne seront capturés qu'après un mois de battues. Le jugement veut être exemplaire : la mort pour vingt et un et les galères à vie pour dix. Mais, le danger écarté, les colons imaginent que les libres de couleur sont prêts à retourner contre eux les armes qu'ils viennent d'utiliser contre les esclaves. Ce sera « l'affaire Bissette », autre étape vers la libération de 1848.