2004
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Jean-Charles Clanet, « Caravanes du Sahara », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.2004.4109
Dans tous les pays subsahariens, subsiste encore un important trafic caravanier. Sous-régional d'abord, qui prend en charge les produits que les éleveurs et les sédentaires échangent entre eux, mais aussi international, dans le sens Sahel — Méditerranée pour les animaux sur pied. Comme depuis un demi-siècle les camions assurent la plus grande part des échanges transsahariens, n'abandonnant aux caravanes que des marchandises aux marchés étroits, les convois de bétail, exporté sur pied, restent le seul moyen d'écouler de façon lucrative des animaux. En effet les dromadaires sont trop volumineux pour être rentablement transportés en véhicule ; mais ils peuvent par contre traverser les étendues désertiques quand ils sont convoyés comme il convient. C'est en partie pour cela que les caravanes de chameaux de boucherie continuent, à partir d'États comme le Tchad, à alimenter régulièrement les marchés du Sud libyen. Les éleveurs chameliers qui organisent ces expéditions trouvent en Afrique du Nord le seul moyen d'écouler les produits de leurs élevages, la viande de dromadaire n'étant que très peu consommée dans leur pays. Ces caravanes d'animaux réactualisent des échanges qui n'ont jamais cessé depuis laplus haute antiquité, puisqu'elles suivent des pistes parcourues depuis des millénaires. Cette forme de commerce mêle, avec profit, modes d'acheminement traditionnels et formes très actuelles de commercer. Alors qu'au départ il s'agit d'initiatives propres aux communautés pastorales des confins désertiques des États du Sahel central, qu'elles organisent avec d'infimes moyens, la capitalisation et les profits acquis transitent in fine, par des réseaux bancaires efficaces et des réinvestissemnts à court terme, tirant judicieusement parti des différences de prix de diverses marchandises existant entre plusieurs États, pour commercer de façon très rentable.