2004
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Jean-Claude Roux, « La modernité de l'œuvre d'Alcide d'Orbigny : Un précurseur des droits de l'homme et de la géographie du développement en », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.2004.4115
Alcide d'Orbigny (1802-1857) a été l'un des grands savants français du XIXe siècle, surtout connu par ses travaux sur l'Amérique du Sud et plus particulièrement sur la Bolivie. Naturaliste de formation, son intérêt se porta aussi sur l'homme et les manifestations de sa vie sociale, représentant en cela le type même du savant éclectique propre à son siècle. L'article présenté ici est consacré exclusivement à la somme qu'il publia sur la Bolivie pour qui ses travaux ont représenté la première étude systématique de ce vaste pays. D'Orbigny, dans ses diverses prises de positions écrites, s'est préoccupé surtout de rétablir une image équitable de l'Indien qui représente la majorité de la population bolivienne, mais se trouve alors soumis à un statut légal et social de sujet placé sous une lourde tutelle de type colonial. Aussi s'attachera-t-il à réhabiliter cette image partisane et injuste et à dresser un vibrant plaidoyer en faveur de « l'homme américain » qui aujourd'hui, au fil des vicissitudes que connaît ce pays, conserve toujours tout son intérêt. A côté de cette lutte pour les droits humains fondamentaux, très en avance sur la mentalité de son époque, D'Orbigny s'est attaché à définir les bases du développement économique de la Bolivie. En conséquence, il recommande la fin du régime d'exploitation coloniale, de ses routines comme de ses limitations intellectuelles. Il propose des voies nouvelles concernant l'aménagement du territoire, l'utilisation de ses ressources naturelles, le développement rural, autocentré et durable, d'un pays qui a été conçu et est resté un emporium minier d'abord jusqu'à nos jours, grâce au rôle de l'Etat qui, pour lui, est chargé d'un devoir de développement comme il doit assurer l'essor de la santé et de l'éducation publique. Le fait qu'une partie de son œuvre ait été traduite en espagnol, avec le soutien du gouvernement bolivien de l'époque, indique bien le côté exemplaire et novateur des travaux d'un savant refusant de se cantonner dans le pur académisme et qui garde une place de choix dans l'héritage culturel bolivien.