Du local au colonial : les notables municipaux français au Maroc (1912-1939)

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2011

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Résumé Fr

David LAMBERT : Les notables français dans les protectorats du Nord : Pouvoir et influence en milieu colonial jusqu'à la veille de la deuxième guerre mondiale. A priori, l'existence de la figure du notable paraît incompatible avec l'histoire même des protectorats. Le principal élément à plaider contre cette existence est la durée. En effet, le rapport au temps est fondamental pour le notable à tel point qu' AJ.Tudesq en fit la première caractéristique de son identité : le notable est d'abord un homme enraciné, inscrivant son présent et son avenir dans la prolongation d'un passé familial, ancré dans un lieu précis ; la stabilité intergénérationelle de la fortune, la mémoire partagée par ses contemporains d'une généalogie, l'appui apporté par des réseaux sociaux qui peuvent s'identifier à des ramifications familiales, tout cela fait de la notabilité une génération qui s'inscrit dans un temps long et se conforte, génération après Or l'histoire des protectorats s'inscrit non seulement dans un temps court (trois générations pour la Tunisie, à peine deux pour le Maroc) mais aussi dans un temps accéléré : les fortunes outre-méditerranée peuvent être rapides, instables et incapables de tenir plus d'une génération. Pourtant le notable existe bien dans le cas des protectorats : d'une part parce que le cas de l'Algérie montre l'existence de ce groupe et son originalité dans un contexte colonial ; et d'autre part parce qu'une des principales causes de l'effacement des notables en métropole, à savoir le suffrage universel, n'est pas à l'œuvre dans les protectorats. Cependant une telle affirmation ouvre la voie à plusieurs questions : qui sont ces notables ? Comment leur pouvoir politique, social et économique s'articule-t-il avec celui des Résidences ? Dans cette optique la prosopographie offre un outil remarquable afin d'entreprendre non seulement une étude de la colonisation intra-muros mais aussi permettre une lecture transversale et comparatiste de la situation dans l'ensemble du Maghreb. En effet, tout en limitant notre approche à un corpus constitué des principales personnalités françaises des protectorats (membres d'instances représentatives, présidents de chambres économiques, vice-président et membres de commissions municipales...), nous ne perdons pas de vue l'importance de l'Algérie et de son influence dans la structuration sociopolitique du Maroc et de la Tunisie. Les travaux de Jacques Berque avaient déjà ouvert des pistes : variations de l'échelle d'observation, tentative de cerner de véritables idéaux-types du grand colon comme du brasseur d'affaires... Dans sa continuité (parfois critique), nous proposons d'entreprendre une nouvelle évaluation du rôle de ces notables : quelle fut leur emprise réelle sur la politique coloniale de la France ? Comment contribuèrent-ils aux changements sociaux, économiques et politiques des territoires dans lesquels ils vivaient ? Comment décrire, expliquer et comparer le pouvoir colonial à l'échelle locale ? Au-delà de cette recherche, la question que nous souhaiterions aborder ainsi est celle de part prise, à côté de l'administration ou de l'armée, par les Français expatriés, dans la construction d'une modernité, parfois contradictoire, souvent conflictuelles des territoires autrefois colonisés.

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