1987
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Bernard Schouler, « Notions de psychologie sophistique », Pallas. Revue d'études antiques, ID : 10.3406/palla.1987.1198
L'apprentissage de la rhétorique, sous la conduite des sophistes, ne dote pas seulement l'élève d'un savoir faire, mais l'imprègne d'une vision du monde, de la société et de l'homme. En particulier, l'utilisation des lieux, sur laquelle repose la méthode d'argumentation, impose une conception de l'individu. En apparence la rhétorique s'est détournée de la voie où l'avaient engagée Platon et Aristote, qui accordaient l'un et l'autre une grande importance, dans l'entreprise de persuasion, aux données psychosociologiques. Cependant, s'il est vrai que la rhétorique post-aristotélicienne s'est assez peu souciée de l'individu en tant que récepteur du discours, elle a proposé, par le biais de la topique, une image de l'homme en tant qu'auteur d'actes. Les différentes listes de lieux offrent un canevas qui permet d'analyser les diverses particularités de tout individu. Ces séries de rubriques, qui s'entrecroisent à l'usage, font songer aux listes d'items proposées par les sociologues. En outre la conception sophistique de l'individu s'ordonne autour d'une notion centrale, la proairésis, impliquant que toute personne a délibérément opté pour un genre de vie. Cette reconnaissance du libre arbitre fonde la responsabilité judiciaire, et se révèle aussi bien dans la doctrine des états de la cause que dans la littérature scolaire.