Médée et les mères en deuil : échos, renvois, symétries dans le théâtre de Sénèque

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1996

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Persée

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Marie-Hélène François-Garelli, « Médée et les mères en deuil : échos, renvois, symétries dans le théâtre de Sénèque », Pallas. Revue d'études antiques, ID : 10.3406/palla.1996.1408


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Résumé En Fr

Is there any critic who in the course of a literary or mythological analysis did not note the symbolic capacity accorded to Medea to upset the order of the world ? Medea is the virile woman, mater et monstrum, the mistress of Chaos, the one who threatens to settle Hell on earth and who name is linked to order and disorder. With Seneca, our sorceress can make crops grow in the dead of winter, make rivers flow back to their springs... Those are the data of a literary tradition which Euripides made use of and which our Latin text got hold of not to turn it into a mere theme but into a tragic element linked to the very meaning of the play and possibly to the playwright's whole work. Medea, negation made flesh, does not seem to exist in literature but "in opposition to". When she does not become model or reference, she makes herself the model of revolting paradox. In Seneca she does not seem to be anything else but this : the contradiction, the seamy side of things. Now some of the themes concerned by this work of negation belong to the Trojan Wives, such as the partus, i.e. childbearing, or the pignus, love's pledge. A few scenes in Medea can even appear as the reverse of certain passages in the Trojan Wives. Confronted with strangely similar data (barbarity, exile, the sea, fire) the mourning mothers in the Trojan Wives define a tragic world and reference values for Medea. Yet, despite the radical opposition, Medea's mask does not altogether obliterate certain features of Hecuba or Andromache always ready to spring into life again, and there we have the most pathetic moments... Does Medea in Seneca embody radical alterity ? Is she not rather the inverted image of the mourning mothers, those tearful Trojan wives whom she can at times be dangerously close to as one can be to a precipice ?

Quel critique n'a pas noté, au détour de telle ou telle analyse littéraire ou mythologique, la capacité symbolique conférée à Médée de renverser l'ordre du monde ? Médée est la femme virile, mater et monstrum, la maîtresse du Chaos, celle qui menace d'installer sur la terre les Enfers et dont le nom est lié à l'ordre et au désordre. Chez Sénèque, notre sorcière peut faire pousser des moissons en plein hiver, faire remonter les fleuves vers leur source... Ce sont là les données d'une tradition littéraire exploitées par Euripide dont notre texte latin s'empare pour en faire non plus un simple thème, mais un élément tragique lié au sens même de la pièce et, peut-être, de l'œuvre tout entière. Médée, la négation incarnée, n'existe, semble-t-il, en littérature que "par opposition à". Lorsqu'elle-même devient modèle ou référence, elle se fait le modèle du paradoxe révoltant. Chez Sénèque, elle semble être plus que cela : la contradiction, l'envers des choses. Or certains des thèmes concernés par ce travail de négation appartiennent aux Troyennes, comme le partus, l'enfantement, ou le pignus, le gage d'amour. Quelques scènes de Médée peuvent même apparaître comme l'inverse de certains passages des Troyennes. Confrontées à des données étrangement semblables (la barbarie, l'exil, la mer, le feu), les mères en deuil des Troyennes définissent un monde tragique et des valeurs de référence pour Midie. Mais, malgré l'opposition radicale, le masque de Médée ne dissimule pas entièrement certains traits d'Hécube ou d'Andromaque, toujours prêts à réapparaître, et ce sont les moments les plus pathétiques... Médée incarne-t-elle, chez Sénèque, l'altérité radicale ? N'est-elle pas plutôt une image inversée des mères en deuil, Troyennes éplorées dont elle est parfois, comme d'un précipice, dangereusement proche ?

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