2009
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Christian Warolin, « Antoine Brulon, un riche apothicaire privilégié à Paris au XVIIe siècle, et Anne de Furnes, sa femme. Leur illustre locataire place du Palais-Royal : Molière », Revue d'Histoire de la Pharmacie, ID : 10.3406/pharm.2009.22018
Au XVIIe siècle, Antoine Brulon, d’origine auvergnate, a accompli à Paris une carrière particulièrement fructueuse. Il acquit des offices d’apothicaire privilégié et fut syndic de la Communauté des apothicaires royaux et princiers. Il a toujours vécu rue Saint-Honoré, y exerçant la pharmacie dans le cadre de son statut d’apothicaire privilégié. En 1651, il acheta une maison à proximité de l’hôpital des Quinze-Vingts et l’année suivante, il épousa Anne de Furnes, fille d’un avocat. En 1658, il fit l’acquisition de trois vieilles maisons en façade sur la rue Saint-Thomas-du-Louvre, s’empressant d’en revendre deux à Louis-Henry Daquin, médecin ordinaire du Roi. L’un et l’autre firent bâtir de nouvelles maisons. Daquin loua successivement deux appartements à Molière entre les années 1661 et 1665. En janvier 1666, Molière devint le locataire de la maison construite par Antoine Brulon mais propriété de sa veuve Anne de Furnes. Trois apothicaires royaux vont se succéder dans ce corps d’hôtel, louant la boutique et ses dépendances : Philbert Boudin, apothicaire ordinaire de la Reine, Jean Morel, apothicaire du Camp et des Armées du Roi, enfin Pierre Frapin, apothicaire de la Grande Ecurie, fournisseur des médicaments à Molière, comme nous l’avons montré antérieurement. Ces deux derniers apothicaires ont donc, tour à tour, vécu dans le même immeuble que Molière entre janvier 1666 et juillet 1672. Antoine Brulon mourut le 5 mars 1665. L’inventaire de ses biens fait état du riche décor de son appartement, mais surtout d’un pactole de 75 780 livres en deniers comptants représentant 96 % du montant de sa fortune. Il s’agit d’une richesse exceptionnelle pour un apothicaire de Paris à cette époque.