1998
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Geneviève Gavignaud, « L'extinction de la "viticulture pour tous" en Languedoc, 1945-1984 », Pôle Sud, ID : 10.3406/pole.1998.1012
En deux générations et moins de cinquante ans, la société vigneronne bas-languedocienne a implosé. Elle s'est vue contrainte, sous la pression nationale dès 1945 et européenne après 1970, de renoncer au vignoble de masse qui se déployait, depuis le siècle dernier, en bordure du golfe du Lion. Non sans cris, ni grincements de dents. Ses défenseurs les plus acharnés sont allés jusqu 'à diriger leurs fusils contre l'État et les intérêts qu 'il était accusé de défendre. Pris à témoin, l'historien situe le combat dans la longue durée. Il sait que les partisans de la monoculture industrielle avaient longtemps ferraillé contre les défenseurs d'une viticulture de qualité et au service d'un négoce adepte des coupages entre vins ordinaires languedociens — vins médecins algériens. Lorsque ce même négoce a trouvé ailleurs que dans le Midi des sources de ravitaillement plus rentables, c'est tout une société qui s'est trouvée déstabilisée par les choix conjoncturels du moment. Contraint par le marché de s'orienter vers une production de qualité, le Languedoc s'est vu condamné à payer un hurd tribut à son histoire sociale : le sacrifice de ses vignerons les moins performants techniquement, et donc les moins compétitif sur les marchés. Une page de son histoire viti-vinicole séculaire écrite par toute une population se terminait.