1979
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Jean Lacouture, « Sihanouk diplomate », Politique étrangère, ID : 10.3406/polit.1979.5895
Sihanouk diplomate, par Jean Lacouture Sihanouk fit son apprentissage de diplomate contre la colonisation française. Il parvint, après 1953, à faire accéder son pays à l'indépendance et surtout à affirmer son existence. Son but alors devint d'obtenir la garantie des frontières du Cambodge. L'élargissement de la guerre vietnamienne et la perméabilité des frontières qu'elle entraînait, rejeta Sihanouk dans le camp révolutionnaire. Il chercha à s'assurer l'appui de Pékin et de Paris. Qualifié de "pro-vietnamien" il est renversé en 1970. Ne trouvant d'appui effectif ni en France, ni en Union Soviétique, il se fait accueillir par la Chine. Dès lors, Sihanouk veut apparaître comme l'homme du recours, sans pour autant se compromettre avec les Chinois, ni rompre ses liens avec l'Occident. Lorsque la victoire des Khmers rouges devient inéluctable, il accepte de devenir la tête de proue du régime, mais en est vite l'otage. Après l'entrée des troupes vietnamiennes à Phnom Penh, il est condamné à combattre sur deux fronts, obligé de rechercher l'ennemi principal et l'allié privilégié. Sihanouk traverse alors des phases diplomatiques contradictoires. Son vrai choix est maintenant entre la survie biologique ou le témoignage moral et l'indépendance.