1981
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Sergio Romano, « Plaidoyer pour une Italie ambiguë », Politique étrangère (documents), ID : 10.3406/polit.1981.3166
Plaidoyer pour une Italie ambiguë, par Sergio Romano En Italie, les politiques étrangères de la société italienne coexistent avec celle de l'Etat. Il existe encore, en dépit de l'Unité, des politiques étrangères régionales et des politiques étrangères "idéologiques". Les catholiques sont sensibles à la vocation méditerranéenne de l'Italie. Dans son ensemble l'industrie italienne et la bourgeoisie industrielle de l'Italie du Nord sont fortement européennes et atlantiques, pour des raisons économiques et culturelles. La politique étrangère de l'Etat italien est conditionnée par les deux grandes constantes de la diplomatie unitaire après le Risorgimento : le sentiment d'insécurité et le désir d'affirmer le rôle et l'originalité de l'Italie dans le monde. Le sentiment d'insécurité pousse l'Italie à rechercher la protection d'un allié puissant : l'Allemagne, la Grande-Bretagne et, depuis 1945, les Etats-Unis. L'Etat italien doit aussi tenter de concilier les politiques étrangères de la société italienne, ce qui explique la contamination permanente entre politique étrangère et politique intérieure. Mais, grâce à la pluralité de ses protagonistes, l'Italie est plus présente dans la vie internationale que ne le supposeraient ses dimensions et son importance politique. Le monde idéal de la diplomatie italienne est celui où personne ne bouge, un monde où ses alliés ne cherchent pas lui imposer de choix cohérent. Aussi la suggestion, contenue dans le rapport des quatre directeurs - "La sécurité de l'Occident : bilan et orientations" -, du groupe des principaux pays, auquel l'Italie ne participerait que pour les problèmes méditerranéens, est dangereuse dans la mesure où elle obligerait l'Italie à exprimer une partie seulement de son histoire et de ses aspirations.