2002
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Frédéric Bozo, « La relation transatlantique et la « longue » guerre contre le terrorisme », Politique étrangère, ID : 10.3406/polit.2002.5183
Au-delà de leur impact immédiat, les attentats du 11 septembre ont agi comme un révélateur et comme un catalyseur des tendances longues de l'histoire de l'Alliance. Avant eux, en effet, la situation était paradoxale. D'un côté, près de dix ans après la chute de l'URSS, l'OTAN semblait durablement refondée : son rôle de garant de la sécurité européenne était réaffirmé, son premier élargissement était un succès, et le leadership américain était renforcé ; de l'autre, la crise du Kosovo remettait à l'ordre du jour un possible « découplage » euro-américain, qu'il s'agisse des valeurs ou des intérêts des différents alliés. Du coup, un nouveau grand débat transatlantique était engagé, avant même les attentats, sur la redéfinition des menaces, sur la gestion de certains conflits, en particulier au Proche-Orient, et sur les équilibres internes de l'Alliance — la relance de la PESD venant équilibrer, après Saint-Malo et l'élection de Bush, le regain d'unilatéralisme américain. Mais avec le 11 septembre, ces interrogations se sont trouvées démultipliées, et dès lors, trois nouveaux scénarios ont dû être examinés : celui d'une refondation de l'OTAN dans la lutte antiterroriste, celui d'un divorce transatlantique face à ce même enjeu, et celui d'un nouveau partenariat stratégique euro-américain dans une Alliance rénovée.