2004
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Hervé Cubizolle et al., « La turfigenèse à la fin du Subboréal et au Subatlantique dans les tourbières basses du Massif Central oriental granitique (France): une manifestation de l'action humaine ?[ Peat inception and peat accumulation at the end of the Sub Boreal and during the Sub-Atlantic in the granitic eastern Massif central (France) : an evidence for human activity ] », Quaternaire, ID : 10.3406/quate.2004.1780
Des études interdisciplinaires géomorphologiques et paléoécologiques montrent que de nombreuses petites tourbières plates minérogènes du Massif central oriental granitique, ne doivent leur existence qu'à la présence d'obstacles qui barrent les têtes de bassin versant. La plupart de ces tourbières n'auraient jamais pu se développer sans ces barrages, les contextes climatiques et hydro-géomorphologiques régionaux n'étant pas toujours favorables a leur mise en place, particulièrement en dessous de 800 m d'altitude. La présence de ces cordons rectilignes composés de terre ou de blocs dont on discute l'origine et la fonction, ou de ces constructions à parements en pierres supportant des chemins carrossables, a gêné l'évacuation de l'eau vers l'aval. Le bilan hydrique devenu nul ou positif a permis le développement d'une végétation turfigène et l'accumulation de tourbe sur des épaisseurs pouvant atteindre 3,50 m. Dans certains cas la tourbe surmonte des dépôts colluviaux sablo-graveleux a niveaux riches en bois. L'âge radiocarbone le plus ancien obtenu dans ces dépôts se place autour de 3300 BP, soit a l'Age du Bronze Moyen. Quant a la turfigenèse elle démarre au plus tôt a la fin de l'Age du Bronze (2780 +/- 45 BP). Un essai de reconstitution paléoenvironnementale a été entrepris sur le site du Verdier (massif des Bois Noirs) grâce a deux spectres palynologique et diatomologique provenant de la base du remplissage. Les changements du couvert végétal autour de ces zones humides ont pu être décrits et des indices polliniques de présence humaine mis en évidence. Celle-ci ne s'affirme clairement qu'entre 2130 et 2005 BP, les datations par le radiocarbone obtenues ne permettant malheureusement pas d'être plus précis. Elle semble ensuite soit régresser soit changer de nature entre 1840 et 1780 BP. Quant aux diatomées, elles montrent le maximum de hauteur d'eau a la base de la tourbière, tandis que le niveau le plus bas enregistré est calé entre 1840 et 1780 BP. Toujours est-il que ces petites tourbières basses associées à des obstacles, très nombreuses dans le Massif central oriental entre 600 et 1200 m d'altitude, présentent un intérêt majeur pour la connaissance de l'histoire des paysages et de l'occupation humaine dans cette région montagneuse ou les prospections archéologiques au sol sont rendues extrêmement difficiles par un couvert végétal composé de forêts et de prés, et par l'absence de grands travaux.