1988
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Enric Sanmarti, « Una carta en lengua ibérica, escrita sobre plomo, procedente de Emporion », Revue archéologique de Narbonnaise (documents), ID : 10.3406/ran.1988.1325
La campagne 1988 dans la ville grecque d'Emporion a dégagé certaines constructions de l'aire de l'Asclépieion qui avaient été partiellement fouillées par E. Gandia dans le premier tiers du XXe s. Durant le nettoyage effectué derrière un nouveau temple repéré à l'Ouest de l'aire sacrée, nous avons trouvé le document qui fait l'objet de cette étude. Il s'agit d'une lettre en langue ibérique écrite sur une lamelle de plomb; elle donne le nom de la personne à qui le message était adressé et occupe les deux faces du document. Le texte de la face A occupe tout le champ, sur 9 lignes avec un total de 26 séquences; celui de la face B est de 4 lignes, avec un total de 12 séquences, auxquelles il faut ajouter celle qui contient le nom du destinataire de la lettre. Quant aux caractères conservés, sur la face A, on en trouve 170 et sur la face opposée environ 70, ce qui fait un total de 240 caractères sûrs. L'alphabet utilisé est celui que l'on tient pour habituel dans la zone Est de la Péninsule Ibérique et dans les territoires correspondant au Roussillon- Languedoc occidental jusqu'à l'Hérault; il a servi à noter la langue qui, selon l'opinion la plus répandue, était parlée par les populations indigènes de la région de Narbonne au Sud- Est de l'Espagne. La lettre doit être datée de l'extrême fin du IIIe s. av. J.-C, de la même époque que les inscriptions sur lamelle de plomb trouvées près de Narbonne dans un entrepôt de l'oppidum de Pech Maho et publiées voici dix ans par M. Y. Solier. C'est une nouveauté que la trouvaille dans une ville grecque d'un document de ce genre, apanage jusqu'ici des gisements indigènes. D'autre part, il apparaît que cette lettre, probablement privée, a un caractère commercial. Comme la langue ibérique demeure indéchiffrable, toute indication permettant de définir la nature d'un texte est capitale pour établir les directions de recherche à suivre. Il semble que la lettre écrite par Basir-Tir, au nom de Neitin, ordonne au destinataire, Katul-Atin, de réaliser des commissions d'ordre mercantile auprès de certains personnages appelés Biuf-Diki, Ulti-Dikan, Erte-Bas, Bin-Tufke et Abadu-Tiker, parmi d'autres dont le nom est moins sûr.