1985
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Jean-Louis Chevalier, « Virginia Woolf et l'aristocratie », Recherches anglaises et nord-américaines (documents), ID : 10.3406/ranam.1985.1853
Virginia Woolf voit dans l’aristocratie un spectacle, un reflet et un miroir, le croisement d’identités insolites où elle discerne ses propres différences d’intellectuelle et d’artiste. Beaux et bêtes, splendides et loufoques, racés et fin de race, les aristocrates sont des grotesques et des êtres fascinants dont le charme est irrésistible. Us sont sa spécialité, son faible avéré, sa cible de prédilection. Le jeu de massacre ainsi pratiqué sert à dégager des valeurs. En puisant dans l'intarissable héritage de la distinction et de la séduction aristocratiques, on doit se garder du legs conjoint de la vulgarité et de l’ineptie. Vérité et valeur relèvent de l'artiste, qui sait faire la lecture des aristocrates comme de vivantes œuvres d'art et les utiliser comme des silhouettes plutôt que des personnages, des repoussoirs plutôt que des modèles. Souvent étudiée par ailleurs, la remarquable exception que présentent Victoria Sackville West et Orlando est seulement mentionnée, et il n’y a que peu d’illustrations tirées de l’œuvre romanesque et critique de Virginia Woolf, dans une analyse qui se fonde essentiellement sur le témoignage abondant fourni par les Lettres complètes et par les volumes déjà parus du Journal.