1999
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Emilia Ippolito, « The Notion of Victim and the Literary Imagination in Toni Morrison 's Sula », Recherches anglaises et nord-américaines (documents), ID : 10.3406/ranam.1999.1604
La violence d’un passé d’esclavage, et donc d’exclusion, de massacres, d’expulsions et de transferts de populations s’exprime au présent de narration, pour renégocier le rapport entre identité et histoire. Toni Morrison nie ainsi la continuité narrative, choisit des sujets marginaux et subversifs pour créer une conscience collective, à travers des actes qui explorent les différentes nuances des concepts de victime, d’auto-victimisation et de violence. La création littéraire se met ainsi au service de l’histoire des noirs, à travers sa propre subversion. Sula témoigne d’une telle expérience. Le second roman de Morrison est l’histoire de deux amies, Nel et Sula, deux adolescentes noires à la recherche d’elles-mêmes, en lutte contre des conventions sociales qui répètent l’histoire imposée d’un passé d’esclavage, une histoire dans laquelle il n’y a pas de place pour elles en tant que sujets. L’intérêt majeur de la représentation de la victime dans Sula est quelle naît de la tension dialectique entre une communauté figée dans le statut quo et l’individu, porteur de subversion. C’est par là, et à travers d’autres formes d’interactions destructrices, que la femme noire, victime de l’histoire, trouve la voie de son affirmation.