2002
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Simone Vauthier, « When the dummy speaks : The example of William Alexander Caruthers », Recherches anglaises et nord-américaines (documents), ID : 10.3406/ranam.2002.1649
Cet article se propose d’étudier le rôle de la ‘voix’ dans la fictionalisation de l’esclave noir dans un des premiers romans de plantations. Les stéréotypes littéraires habituels (comme celui du ‘nègre comique’) sont, à cette époque, encore en cours d’élaboration et Caruthers apporte une contribution originale à ce travail à travers son traitement de la parole et du chant, même si ses descriptions s’appuient largement sur les quelques conventions déjà établies. Pour ce qui est du chant, si son ‘africanisation’ de chansons populaires conforte pour l’essentiel les stéréotypes établis (la tendance des afro-américains à l’imitation notamment) ; l’auteur n’en reconnaît pas moins par moments la contribution originale des noirs américains. Ainsi, si la façon de s’exprimer de l’esclave noir June obéit au stéréotype classique de l’infantilisation, elle témoigne également, pour peu qu’on l’étudie attentivement, d’une grande maîtrise des stratégies verbales. L’africanité devient ainsi un concept ambigü, et l’on peut interpréter ce que dit le Clown noir comme autant d’exemples de dialogisme Bakhtinien. Et, même s’il ne s’agit pas là de la seule oeuvre de Caruthers qui porte la marque de son intérêt réel pour la ‘différence’ de l’afro-américain, ce trait est beaucoup moins apparent dans le traitement par l’auteur du dialecte noir dans ses autres oeuvres d’avant-guerre.