Théories de la traduction au XVIIe siècle : entre noblesse et prosaïsme

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2006

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« Théories de la traduction au XVIIe siècle : entre noblesse et prosaïsme », Recherches anglaises et nord-américaines (documents), ID : 10.3406/ranam.2006.1760


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Résumé En Fr

This essay seeks to reinterpret Lawrence Venuti’s analysis of an English "belle infidèle" in a 1993 article entitled : The Destruction of Troy : Translation and Royalist Cultural Politics in the Interregnum. According to Venuti, Sir John Denham’s translational strategy in his Aeneid version half-covers a monarchist and nationalistic ideology despite a professed ideal of nobleness and freedom averse to any excessive - hence "vulgar" - faithfulness to the text. We shall first show that the two main trends of French translation theories at the time, one leading to the "belles infidèles", and one followed by adepts of a strict faithfulness to the text, reveal a rift between literary and scientific cultures rather than a divide between high and low cultures. The study of a few essays and prefaces on translation by Denham, Roscommon or Dryden as well as some passages from a text translated by Rochester will then throw into light the key-notion of ornatus. This truly Aristotelian rhetorical device - which Cicero partly made his - is linked to the "poeticity" of the literary text. A medium way between nobleness and prosaïcalness can thus be perceived in the "belle infidèle" from across the Channel. It achieved the successful marriage of rhetoric and poetics, away from any political consideration.

Cette étude s’efforce d’élargir l’analyse d’une «belle infidèle» anglaise proposée par Lawrence Venuti en 1993 dans un article intitulé : «The Destruction of Troy : Translation and Royalist Cultural Politics in the Interregnum». Selon Venuti, la stratégie adoptée par le poète Sir John Denham dans sa traduction de l'Enéide cache mal une idéologie monarchiste et nationaliste sous couvert d’un idéal traductionnel de noblesse et de liberté qui tend à rejeter toute fidélité excessive au texte jugée «vulgaire». Dans un premier temps, on montrera qu’en France, les deux courants principaux dans le domaine des théories de la traduction, celui des «belles infidèles » d’une part et celui des partisans de la stricte fidélité au texte-source d’autre part, reflètent, plutôt qu’une division entre culture savante et culture populaire, un clivage entre culture littéraire et culture scientifique. Dans un deuxième temps, l’examen d’essais ou de préfaces sur la traduction de Denham, Roscommon ou Dryden et celui de passages traduits d’un texte de Rochester mettront en lumière la notion centrale de l'ornatus. Ce procédé né de la véritable rhétorique aristotélicienne et repris en partie par Cicéron possède une parenté avec la «poéticité » du texte littéraire. Une voie médiane entre noblesse et prosaïsme se dessine donc, où «la belle infidèle» d’outre-Manche réussit la fusion de la rhétorique et de la poétique, en dehors de toute dimension politique.

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