La prière secrète du pontife ou Silence et murmure, des gestes vocaux signifiants dans la tradition religieuse romaine

Fiche du document

Date

2017

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Persée

Organisation

MESR

Licence

Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.



Citer ce document

Nicolas Corre, « La prière secrète du pontife ou Silence et murmure, des gestes vocaux signifiants dans la tradition religieuse romaine », Revue belge de Philologie et d'Histoire, ID : 10.3406/rbph.2017.8988


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

According to Plutarch, when an incestuous vestal had to be buried, the pontiff performed “ secret (ἀπορρήτους) » prayers. The antic historian does not define the characteristics of these orations, but it is probable that the pontifex murmured or remained mute. These particular modes of speech must be studied as meaningful «vocal gestures » which accompany and clarify the utterance, inside or outside, of the prayer itself. As opposed to the traditional public invocations pronounced clara uoce, the ‘ secret’ prayer constitutes a rite of inversion, characteristic of funerals or purificatory ceremonies. Hiding makes possible to restore an order of the world disturbed by incest. Traditionally, ‘ secret’ prayers are seen as a means of communication with the lower world, characteristic of magical practices. But the pontiff case shows that this model has to be reviewed : the Romans have developed some ‘ tactics’ in order to keep the secret around particular rituals, which we will call sacra occulta and the choice of the secret must be interpreted according to each rite. Silent imprecations like secret sacrifices are not on the border between magic and religion : they enter, on the contrary, perfectly within the framework of the Roman public religion.

Selon Plutarque, lorsqu’une vestale incestueuse devait être ensevelie, le pontife prononçait des prières «secrètes (ἀπορρήτους) » . L’historien antique ne définit pas les caractéristiques de ces oraisons, mais il est vraisemblable que le pontifex murmurait ou restait muet. Ces modes d’élocution particuliers doivent être étudiés comme des «gestes vocaux » signifiants qui accompagnent et explicitent la profération, intérieure ou non, de la prière elle-même. Par opposition aux invocations publiques prononcées clara uoce, l’oraison dite secreto constitue un rite d’inversion, caractéristique des funérailles ou des cérémonies de purification. La dissimulation permet de restaurer un ordre du monde troublé par l’inceste. Traditionnellement, les prières «secrètes » sont considérées comme un mode de communication avec le monde inférieur, caractéristique des pratiques magiques. Mais le cas du pontife montre que ce modèle est à revoir : les Romains ont développé des «tactiques » afin de garder le secret autour de rituels particuliers que nous qualifierons de sacra occulta et ces pratiques doivent être interprétées en fonction de chaque rite. Les imprécations silencieuses comme les sacrifices secrets ne sont pas à la frontière entre magie et religion : ils entrent au contraire parfaitement dans le cadre de la religion publique romaine.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en