1997
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Stephen Werner, « Comédie et philosophie : Le style du Rêve de D'Alembert », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, ID : 10.3406/rde.1997.1374
Stephen Werner : Comédie et philosophie : Le style du Rêve de D'Alembert. Récit d'une très grande rigueur philosophique, récit bouffon et frivole, Le Rêve de D'Alembert incarne le mélange de sérieux et de badin qui constitue l'emblème de l'œuvre littéraire de Diderot. La valeur de cette esthétique hybride est soulignée par la manière caricaturale dont Diderot met en scène Jean-Baptiste, le Rond D'Alembert ainsi que par l'importance accordée au procédé du dialogue de sourds. C'est autour du langage que se dégage la part la plus large de ce comique philosophique. Diderot ne s'est pas contenté de revendiquer l'intérêt littéraire des formules burlesques comme « le marbre comestible » ou des verbes parodiques de type « marmotter » ou « brouter ». Dans la partie centrale du texte, celle qui porte le titre « Le Rêve de D'Alembert », Diderot (ou le narrateur) propose un exemple d'écriture philosophique — l'écriture du siècle des Lumières— aimantée par le lyrisme et la poésie. Passage délirant ou « fou », si l'on veut, il n'a rien de la fragmentation et de l'hystérie de la scène de l'homme orchestre du Neveu de Rameau. Car il est commandé par l'onirique et par une conception matérialiste de la nature plutôt que par l'opéra et le domaine relatif de la culture. Il fait rayonner un climat de lyrisme serein et de poésie à la manière de Socrate.