1996
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Euan Phimister, « Farm household production under CAP reform : the impact of borrowing restrictions », Revue d’Études en Agriculture et Environnement (documents), ID : 10.3406/reae.1996.1488
Production des ménages agricoles et réforme de la PAC : l'impact des contraintes de crédit Classiquement, dans le ménage agricole, les fonds propres de l'entreprise ont deux fonctions : fournir à la fois le capital de l'exploitation et le patrimoine du ménage. Ainsi, une interdépendance potentielle existe entre les décisions de production et celles de consommation dans le ménage qui peut influer sur l'impact des réformes de la politique agricole, comme la reforme MacSharry, sur la production. Cet article examine l'importance virtuelle d'une telle interdépendance quand des contraintes financières limitent la dette totale du ménage. De manière théorique, ce type de contrainte s'explique par l'existence d'asymétrie d'information dans le marché du capital où les banques et autres intermédiaires financiers ne peuvent pas être certains que leurs prêts seront remboursés. Ils utilisent différents mécanismes pour réguler leurs prêts, y compris des limites quantitatives. En France, l'évidence empirique montre que les jeunes agriculteurs sont souvent sous des contraintes financières. Dans cet article est construit un modèle de cycle de vie intégrant les contraintes financières adaptées à la situation du ménage agri¬ cole, et où le ménage choisit les valeurs de production, consommation, investissement et dette afin de maximiser son bien-être. On démontre que la présence des contraintes financières implique que les décisions de production et consommation soient simultanées. Ensuite, le modèle, calibré pour présenter une exploitation céréalière spécialisée française, est utilisé pour simuler les impacts sur la production de trois aspects de la réforme MacSharry : la baisse du prix de céréales, le gel des terres et les paiments compensatoires. Pour montrer les effets des contraintes financières sur la production de l'exploitation, les simulations de ce modèle «simultané» sont contrastées avec celles d'un modèle dont les contraintes financières sont absentes. Ce dernier modèle est simplifié et les décisions de production deviennent indépendantes de celles de consommation. Dans ce modèle «recursif», le comportement productif du ménage est donc équivalent à une exploitation qui maximise tout simplement le profit d'entreprise. Les résultats indiquent que les impacts négatifs des réformes MacSharry sur la production sont toujours inférieurs dans le modèle simultané par rapport au modèle recursif. D'ailleurs, parce que les réformes réduisent souvent l'impact des contraintes financières, pour plusieurs simulations, les effets sur la production à longue échéance sont positifs dans le modèle simultané. Bien qu'il ne s'agisse que de modèles calibrés (économétriquement non estimés), les résultats se trouvent consolidés pour des spécifications différentes. Ainsi, ces résultats montrent pourquoi les impacts négatifs de la réforme MacSharry sur la production de céréales pourraient être inférieurs à ceux prévus par des modèles basés sur le principe de maximisation de profit.