2003
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Lionel J. Hubbard et al., « Varietal utility and patriotic preference : the case of European agriculture », Revue d’Études en Agriculture et Environnement (documents), ID : 10.3406/reae.2003.1704
Préférence pour la variété et les produits nationaux : le cas de l'agriculture européenne Selon les auteurs, les évaluations conventionnelles du coût économique de la Politique agricole commune (PAC) peuvent conduire à surestimer ce coût. Les gains potentiels dus à une allocation plus efficace des ressources communautaires, qui résulterait d'une libéralisation des marchés agricoles de l'Union européenne (UE), pourraient en effet être compensés par une perte de bien-être des consommateurs suite à une réduction de la diversité des produits alimentaires nationaux. Cet argument découle d'une application directe au secteur agricole communautaire du résultat théorique qui stipule qu'en présence de différenciation des produits et d'une préférence biaisée pour les produits nationaux, protéger l'industrie nationale peut induire un gain de bien-être économique global pour le pays considéré. Pour l'illustrer, nous utilisons un modèle d'équilibre général calculable dans lequel le secteur de la transformation alimentaire est en situation de concurrence imparfaite. Nous y introduisons la possibilité de préférences asymétriques des consommateurs, biaisées en faveur d'une variété nationale, et les divers instruments de politique agricole en vigueur. Nous montrons que la préférence biaisée pour les produits alimentaires nationaux dans l'UE génère un « effet de la variété» positif qui peut être suffisant pour compenser le coût économique de la PAC tel que mesuré de façon conventionnelle. Cet «effet de la variété» positif est plus prononcé pour le secteur de la transformation des viandes qui bénéficie d'une protection tarifaire élevée. Toutefois, il ne compense pas totalement le coût économique de la PAC, résultant d'une allocation non efficace des ressources, car ce dernier est plus important en présence de préférences asymétriques biaisées en faveur des produits nationaux que dans le cas conventionnel. En outre, lorsque l'on applique l'hypothèse de préférences asymétriques biaisées en faveur des produits alimentaires nationaux à tous les pays, les résultats suggèrent que la PAC impose un coût supplémentaire pour le reste du monde. Ce coût supplémentaire résulte du fait que la PAC tend à y réduire la diversité des produits alimentaires nationaux. Même si, au niveau du global, «l'effet de la variété» est négligeable, les effets redistributifs associés entre pays sont beaucoup plus importants. En conséquence, les défenseurs de la PAC qui voudraient arguer de «l'effet de la variété» comme un bénéfice de cette politique doivent considérer les implications d'un tel effet au niveau global.