Etudes de l'historiographie de la Pologne populaire

Résumé En Fr

Historiography in Poland Today. This work is the second part of a more comprehensive attempt to evaluate and criticize the current Polish vision of historiography. To accomplish this, the author has had recourse not only to the printed matter on the subject but also to his own personal experience, acquired in Poland and the USSR. Mr. Korzec gives us insight into the official points of view, attitudes, silences and taboos, which render difficult any serious research in modern history. Devoted to the period from 1956 to 1964, the study encompasses the most liberal and hence the most interesting passage in Polish historiography since World War II. The first part of the work deals with the material organization surrounding the science of history in Poland. A myriad of institutes, research grants; publications etc. create generally good working conditions as well as facilities for the publication of scientific works. These facilities are also accessible to the young generation of historians, a factor which is of prime importance. In this sense the situation seems somewhat better in Poland than in Western European countries. Of particular interest, the ensuing part of the study relates the achievements of Polish historiography during the period from 1956 to 1964. At this time contemporary historiographie techniques were largely developed and the new generation of historians displayed great creativity. However, difficulties and omissions subsisted in certain sectors. In spite of relative liberty, political pressure continued to hinder research in certain fields for example : the history of the Polish Communist Party of World War II and in particular that of the People's Republic of Poland. In summary, the earnest desire to render historic truth prevails among present-day Polish historiographers, and overly pessimistic conclusions as to the future pursuit of this science in Poland are unwarranted. Frequent changes in official position regarding the recent past give historians a certain margin for liberty of expression. Some scientific publications also manage to escape official criticism, excepting, of course, those concerning « permanent taboos ». All this creates at least the illusion of scientific liberalism and permits a relatively free exchange of opinions. For this reason, contrary to the situation of the social sciences in other Socialist countries, Polish historiography has obtained some relatively important and noteworthy results.

Ce travail constitue la deuxième partie d'une étude plus vaste qui est conçue comme un essai d'aperçu critique ainsi que d'estimation de la situation de l'historiographie de la Pologne populaire. En se chargeant de cette tâche, l'auteur s'est basé non seulement sur la littérature existante sur ce sujet, mais encore sur une « autopsie », à savoir ses expériences personnelles acquises au cours de son travail scientifique en Pologne et en U.R.S.S. L'auteur fait ressortir toute une série de prises de position officielles, de silences et de « tabous » rendant difficile des recherches approfondies sur l'histoire récente. L'étude est en principe consacrée à la période 1956-1964 et c'est en effet la période la plus libérale et parallèllement la plus intéressante de l'historiographie polonaise d'après- guerre. La première partie du travail est consacrée aux problèmes de l'organisation de la science historique. Les multiples postes et instituts de recherche et d'éditions créent des conditions de travail généralement bonnes et surtout d'assez importantes possibilités de publication, accessibles aussi à la jeune génération d'historiens. A ce dernier égard, la situation apparaît plutôt meilleure que dans les pays d'Europe occidentale. La partie suivante est la plus importante, car elle caractérise l'acquis de l'historiographie polonaise des années 1956-1964. Cette période a été celle d'un développement important de l'histoire récente. La jeune génération d'historiens s'est révélée particulièrement créatrice. Toutefois, des difficultés et des lacunes existent aussi dans de nombreux domaines. Malgré une liberté relative, la pression de la politique continuait d'agir de façon inhibi- trice dans divers domaines de recherches par exemple : l'histoire du parti communiste polonais, l'histoire de la deuxième guerre mondiale et surtout celle de la Pologne populaire. Au total, les études de l'historiographie polonaise contemporaine ne conduisent pas à des conclusions pessimistes. On est frappé par le phénomène de tendances à la vérité historique chez une partie considérable des chercheurs. Les changements fréquents dans les prises de position officielles concernant l'estimation du passé récent donnent aux historiens une marge importante de liberté d'expression et de publication des résultats de leurs recherches (à l'exception, bien entendu, de certains « tabous » permanents) et créent une certaine forme d'« ersatz » de libéralisme scientifique ainsi que d'un échange relativement libre d'opinions. C'est pourquoi, par rapport à la situation générale des sciences humaines dans les pays socialistes, l'historiographie polonaise a des résultats relativement importants qui ne sauraient être ignorés.