1976
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Jan Prybyla, « Esquisse du modèle économique chinois », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1976.2015
Cet article étudie les principaux éléments du modèle économique chinois tels qu'ils se sont manifestés pendant la période 1970-1975. Les objectifs des planificateurs comprennent l'entière mobilisation de la main-d'œuvre, une répartition équitable mais non égalitaire des revenus et l'accroissement du produit national brut par habitant — ceci étant à peu près l'ordre des priorités. Les méthodes utilisées pour atteindre ces buts sont très diverses : action des organes du parti, du gouvernement et des autres institutions établies ; campagnes de masses et pressions du groupe au niveau de base de la société. Depuis 1961, on a donné la haute priorité au développement de l'agriculture. Viennent ensuite l'expansion des industries produisant du matériel agricole, la production des biens de consommation et l'industrie lourde. Malgré cette hiérarchisation des secteurs économiques, le modèle de croissance adopté est fondamentalement équilibré. Dans le domaine du commerce extérieur, on évite les dettes envers l'étranger, on accorde des prêts et des dons à une série de pays du tiers monde et on cherche un équilibre géopolitique des partenaires commerciaux. La planification interne est décentralisée mais étroitement coordonnée ; elle est fondée sur la consultation répétée des divers niveaux hiérarchiques. La politique des prix suit un certain nombre de directions reflétant les préférences du planificateur, notamment en ce qui concerne les biens jugés comme socialement acceptables. Les stimulants au travail sont encore le plus souvent matériels, différenciés et destinés à influencer le travailleur individuel. Cependant, on s'efforce de transformer progressivement la nature des stimulants dans un sens non-matériel, collectif et coopératif. Depuis 1968, un vaste transfert de jeunes citadins éduqués a été organisé des villes vers les régions rurales (Hsia hsiang). Le taux d'accroissement de la population a été abaissé de 2 % par an (années cinquante) à 1,7 ou 1,8 %, ce qui implique encore 15 millions de personnes supplémentaires chaque année. La technologie utilisée dans ce modèle combine des techniques modernes, à forte intensité de capital et de qualification ; intermédiaires ; et traditionnelles. Les industries rurales, utilisant des techniques intermédiaires, ont été fortement développées. On a créé une économie régionale plus équilibrée en consacrant des investissements importants aux régions les moins développées. De grands progrès ont été réalisés quant à la répartition des services de santé dans les campagnes grâce à la formation d'un personnel paramédical et un système élaboré de centres de soins. L'enseignement, notamment au niveau universitaire, a été simplifié, raccourci, rendu moins théorique et plus politique. Le modèle chinois a fondé les conditions matérielles et organisationnelles nécessaires à la modernisation et au « décollage » de l'économie.