1977
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Tsien Tche-hao, « Les trois révolutions de la Chine : bilan de 28 ans d'édification socialiste », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1977.2116
Lorsque Mao Tse-toung proclama la République populaire de Chine en octobre 1949, la situation politique et économique de la Chine était lamentable. Le parti communiste chinois s'attacha à résoudre les divers et imposants problèmes qui se posaient au pays au moyen de trois révolutions à la fois successives et simultanées, temporaires et permanentes : la révolution politique, essentiellement constitutée par la prise de pouvoir, la révolution économique qui consiste à transformer les rapports de production, la révolution culturelle qui, en changeant les mentalités, est à la fois la conséquence des deux premières et la garantie de leur succès. La révolution politique s'effectua sur les principes de la doctrine marxiste- léniniste dont la pensée de Mao Tse-toung constitue le prolongement et le développement. Elle a abouti à la formation d'un Etat de dictature du prolétariat pratiquant le centralisme démocratique, où le pouvoir appartient au peuple qui l'exerce à travers des assemblées populaires élues et par l'intermédiaire du parti communiste chinois. Cet Etat repose sur la démocratie la plus large, c'est-à-dire un grand nombre de droits et libertés et de très larges possibilités d'expression pour le peuple, à l'exclusion des ennemis du peuple, la minorité des contre- révolutionnaires, qui sont privés de tout droit d'expression. Les minorités ethniques jouissent de droits particuliers leur permettant de protéger l'originalité de leur culture nationale, tandis que la femme bénéficie de mesures juridiques et économiques lui permettant d'accéder à l'égalité. La révolution économique s'est traduite par la socialisation progressive et par étape de tous les moyens de production. L'économie planifiée se développe en suivant un certain nombre de « recettes » telles que « par ses propres moyens », « marcher sur deux jambes », etc. qui s'attachent d'une part à lutter contre le gaspillage, d'autre part à favoriser l'esprit d'initiative et d'invention des masses populaires. Des résultats très positifs ont été enregistrés dans le domaine agricole aussi bien que dans le domaine industriel. Bien qu'elle ait de tout temps accompagné les révolutions politique et économique, la révolution culturelle s'est signalée par le grand mouvement déclenché dans les années 1966-1969. Les principaux changements ont porté sur le domaine de l'enseignement, la science et la technique, la santé, Part et la littérature. Dans tous ces domaines, les Chinois se sont efforcés de sortir des sentiers battus et d'élaborer une culture prolétarienne qui soit à la fois nationale (tenant compte de la richesse de la civilisation chinoise), scientifique (expurgeant l'héritage culturel de tout son fratras négatif), et de masse (c'est-à-dire conçue par et pour le peuple, et non pour une élite privilégiée). En conclusion, il apparaît que, bien que des problèmes demeurent, spécialement en ce qui concerne la désignation des dirigeants au sommet, mais le bilan est largement positif : la Chine est sortie de la misère et a conquis son indépendance dans le domaine économique aussi bien que politique. Elle a en outre éliminé un certain nombre de plaies sociales qui continuent de ronger des pays plus riches et plus développés qu'elle.