1985
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Alain Pouliquen, « Les « voies bulgare et est-allemande » en agriculture sont-elles purement soviétiques ? », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1985.2540
Durant les années 70, en Bulgarie et en R.D.A., comme en Union Soviétique, la restructuration « industrialiste » du secteur agricole-alimentaire visait à instaurer un dirigisme de type nouveau, à base de rationalisation technocratique et de délégation de responsabilités économiques à de grands ensembles productifs intégrés. En Bulgarie et en R.D.A., cette véritable mutation des rapports socio-économiques s'est déployée à grande échelle et sous une forme particulièrement radicale et spectaculaire, non pas seulement du fait de « conditions objectives » favorables (climat, disponibilité en moyens industriels, infrastructures), mais aussi parce qu'elle y était imposée par un pouvoir central d'État fort, en face d'une sorte de vide social. Dans le cas allemand, il faut ajouter le rôle facilitant d'un héritage sociologique pré-socialiste particulier. Au contraire, en U.R.S.S., cette mutation est restée très minoritaire et spécialement peu performante, car elle s'y est heurtée, d'emblée, à l'autonomie et à l'épaisseur relatives des rapports sociaux périphériques traditionnels, profondément enracinés dans les anciennes formes d'organisation. Il en résulte une divergence accrue des mécanismes économiques et sociaux à l'œuvre, souvent sous-estimés à l'Ouest. La manœuvre de réajustement structurel, d'esprit pragmatique et « économiste » qui a suivi depuis 1977-78, n'a pas réduit cette divergence. En effet, en R.D.A. et en Bulgarie elle était essentiellement imposée par les contradictions agronomiques, économiques et écologiques inhérentes au radicalisme et à l'ampleur mêmes de « l'industrialisation » opérée. Elle est un réaménagement de celle-ci et non pas un simple retour au mécanisme antérieur, et y est conduite, pour les raisons « sociales » déjà mentionnées, avec plus de détermination, de cohérence et de succès qu'en U.R.S.S. même... sans pour autant être assimilable à une convergence avec la « voie hongroise ».