1985
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Andrzej Piekara et al., « Le débat entre l'autogestion et l'État socialiste. L'exemple de la campagne polonaise », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1985.2557
La notion d'autogestion est ancienne en Pologne. Elle décrit à la fois la gestion d'un territoire et celle des groupes professionnels. Elle contribue à provoquer un intense débat, d'autant qu'elle est en relation directe avec la conception de l'État. Aujourd'hui en tout cas, la majorité des Polonais considèrent qu'un pouvoir local autogéré, loin d'affaiblir l'État, le décharge d'une multitude d'affaires et en cela renforce son efficacité quant à ce qui relève de son domaine propre. Cependant, l'État socialiste a tendance, sous le couvert du mot, à vouloir simplement décentraliser son administration. Or, la collectivité locale n'est pas moins importante que l'État ; l'une et l'autre peuvent avoir une éthique sociale différente sans risque pour la nation. Dans ce débat, les organisations professionnelles des agriculteurs individuels occupent une position centrale. En effet, l'État tente sans cesse de réduire l'individualité de l'exploitation familiale jugée a-socialiste. Une loi de 1982 reconnaît les organisations professionnelles (Cercles agricoles, Cercles des ménagères rurales, Coopératives rurales « Entraide paysanne », Associations agricoles par branche). Mais quelle est leur autorité réelle ou leur crédibilité sociale ? Les agriculteurs dénoncent leur manque- d'autonomie et leur bureaucratisation croissante qui détruisent les acquis syndicaux reconnus par la loi de 1981. Ces deux textes de loi résument à eux seuls les aléas des institutions professionnelles qui tentent de consolider le statut des agriculteurs individuels face à l'emprise de l'État qui se veut seul responsable de satisfaire tous les besoins de la population, bref un Etat-providence.