1988
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Gérard Ouimet, « Les conséquences de la perestroïka bulgare sur la condition féminine », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1988.1384
En somme, trois principaux facteurs permettent de prétendre que sous la nouvelle réforme, la situation des femmes, loin de progresser, devrait plutôt s'alourdir ou, à tout le moins, rester inchangée. Tout d'abord, la nature même de la perestroïka bulgare s'avère fort peu favorable à une résorption du double rôle des femmes. En effet, puisque l'actuelle priorité politique est accordée à l'essor de la technologie de pointe, les femmes traditionnellement uniques responsables des obligations familiales, sont particulièrement pénalisées par le développement différé et surtout incertain des secteurs des biens et des services, lequel s'avère essentiel à l'allégement de leur contraignant double rôle. Outre les objectifs spécifiques de la perestroïka, il importe de signaler que sa formulation est motivée par la nécessité de contrer le ralentissement inquiétant de la croissance économique. Conséquemment, il est fort peu probable que des politiques sociales, promouvant l'extension des services de garde, la majoration des diverses allocations visant l'aide à la famille et la parité salariale entre les sexes, puissent prochainement être mises en application. Enfin, il convient de parler de l'effet délétère de la régression démographique sur l'amélioration de la condition féminine. Les femmes seront donc appelées à maintenir — voire intensifier — leur participation à la force de travail sans pour autant bénéficier d'un allégement des charges domestiques. Veiller à la fois au maintien opérationnel de la force de travail (entretien domestique), à la reproduction générationnelle de celle-ci (soins et éducation des enfants) et à son optimisation fonctionnelle actuelle (joindre les rangs du marché du travail), et qui plus est, dans un contexte où les biens de consommation et les services sont tout aussi rares que déficients, résume admirablement bien les conditions d'existence laborieuses des femmes bulgares.