1989
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Jacek Szymanderski et al., « Dissipation de la rente, managers et travailleurs dans le système soviétique : les implications pour un changement du système », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1989.1391
Jacek Szymanderski, Jan Winiecki. — Dissipation de la rente, managers et travailleurs dans le système soviétique : les implications pour un changement du système. Les auteurs analysent les attitudes des managers et des travailleurs essentiellement dans l'optique de ce que les théoriciens du droit de propriété appellent la dissipation de la rente. Ce phénomène est particulièrement répandu dans le système soviétique où l'application des règles en l'absence de règles (ou en présence de trop de règles conflictuelles) et l'évaluation du produit en l'absence de marché (associée à des salaires volontairement bas qui poussent les travailleurs à réduire leur activité bien en deçà de leurs possibilités) créent toutes sortes de difficultés. Les diverses manières de s'approprier une portion de la rente ainsi dissipée par le dirigeant (plus généralement la strate dirigeante) sont ensuite examinées de même que les avantages qu'en tirent chacune des parties intéressées. On attire l'attention sur le fait que les managers non seulement bénéficient bien plus que les travailleurs de la dissipation de la rente mais qu'ils en tirent aussi avantage en tant que membres de la strate dirigeante (ils sont nommés via la nomenklatura ; ils obtiennent des biens et services distribués en dehors des circuits du marché ; leurs primes et leurs gratifications dépendent presque entièrement du bon vouloir de leurs supérieurs politiques). En réalité, la totalité de leur revenu dépend de la perpétuation du système et de leur place au sein de ce système. Par conséquent, les auteurs différencient fortement les « réformes » (de simples aménagements du système) et le « changement » (un passage à l'économie de marché). Les managers, de par leur appartenance à la strate dirigeante, sont prêts à accepter les réformes qui accroissent leur champ de manœuvre sans menacer leur position privilégiée. Le contraire est vrai pour les travailleurs qui font partie de l'immense majorité des dirigés. Ils sont prêts à accepter le changement, source de plus grande efficacité, qui entraînera une hausse absolue du bien-être même si cela s'accompagne d'une différenciation accrue entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés. Ils craignent cependant que les aménagements du système réduisent la part de la rente dissipée qu'ils s'approprient sans provoquer simultanément une élévation de l'efficacité et du niveau de vie. Pour eux, les actions entreprises par les dirigeants sont des réformes et non un changement. C'est pourquoi, par défaut, ils soutiennent le statu quo.