1991
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François Guilbert, « L'aide soviétique à la consolidation de la République Populaire du Kampuchea », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1991.1488
On se contente trop souvent d'aborder les relations khmèro-soviétiques à travers le prisme des relations soviéto-vietnamiennes. De plus, celles-ci ne se limitent pas, et de loin, à une stratégie diplomatique. Il ne faut pas oublier que les alliés de Moscou, R.D.A. et Tchécoslovaquie en tête, ont eux aussi établi des relations économiques et politiques qu'il faut aujourd'hui examiner à la lumière des bouleversements d'Europe orientale. On sait que, depuis dix ans, les Soviétiques livrent des armes directement à Phnom Penh. Dans quelle mesure peut-on dire que ce soit un obstacle à la résolution du conflit ? Depuis l'accession de M. Gorbatchev au pouvoir, 1'U.R.S.S. fait pression sur le Viet Nam pour que ses troupes se retirent du Cambodge. Moscou considère, aujourd'hui, en effet, que cette occupation militaire est un véritable fardeau « insoutenable » pour l'économie vietnamienne et, par voie de conséquence, pour le Trésor soviétique. De plus, la situation au Cambodge représente pour les Soviétiques un obstacle important à l'amélioration de leurs relations avec la Chine et FA.S.E.A.N. Pour sortir de l'impasse reste à savoir quelle place le Kremlin veut faire au Prince Norodom Sihanouk et aux Khmers rouges. Intérêts divergents, stratégies contradictoires avec Phnom Penh ? Moscou n'obtiendra l'infléchissement de son allié khmer que par l'importance de son aide économique et militaire qui assure la viabilité du régime. Mais les ouvertures idéologiques du régime provietnamien de MM. Heng Samrin — Hun Sen se transforment désormais en une plus grande autonomie économique remettant en cause, de facto, une partie des moyens de pression des Soviétiques. C'est pourquoi, il est important de mesurer au mieux et systématiquement, comment l'économie khmère dépend du « Grand frère soviétique », que ce soit par les accords de coopération ou plus simplement le commerce. Si pour les dirigeants de Phnom Penh, l'U.R.S.S. n'est en aucune manière une garantie absolue d'indépendance yis-à-vis des deux puissances régionales qui cherchent depuis des décennies à l'inféoder, rien ne prouve que les largesses de ces dernières années se poursuivront ou que s'y substitueront des crédits occidentaux.