1991
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Alain Pouliquen, « La restructuration agricole soviétique : accélération politique - récession et blocage économique », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1991.1502
Au printemps 1990, la quasi-stagnation des trois années précédentes évolue en récession caractérisée, dans l'agriculture comme dans l'économie globale. L'éclatement de l'ancienne pyramide monohiérarchique du Parti-État en pouvoirs régionaux élus a amorcé la décomposition du vieux système d'extraction et de redistribution administratives centralisées des productions agricoles et alimentaires, cependant que les conditions d'apparition d'une régulation marchande générale sont toujours loin d'être réalisées. Les conséquences sont un recul général (dramatique dans certaines républiques périphériques) des productions animales et légumières, et plus encore de leurs collectes et de leurs redistributions interrégionales, aux dépens des villes, et des régions déficitaires. Dans ce contexte de déstabilisation générale de l'économie administrée, la fuite en avant dans les lois de restructuration agricole de plus en plus radicales (dans leurs principes) semble arriver trop tard. Leur application réelle et leurs effets économiques continuent à être fortement inhibés ou annulés par l'incertitude croissante sur l'avenir et — faute d'émergence de rapports marchands-monétaires (crise monétaire toujours sans solution) — par le maintien d'une très forte dépendance des unités agricoles de base à l'égard des appareils distributeurs de ressources et de tâches productives. Il n'est pourtant pas exclu que, sous la pression de plus en plus dramatique de l'urgence alimentaire, les pouvoirs récemment élus - républicains et régionaux - exploitent activement leurs nouveaux pouvoirs légaux dans des politiques très nouvelles de structures et d'allocation. Mais, en toute hypothèse, les effets récessifs de la décomposition générale de l'économie administrée l'emporteront dans les mois, et vraisemblablement les années à venir, sur les effets productifs et économiques de ces initiatives régionales, en agriculture comme ailleurs... tant qu'une logique générale de recomposition marchande-monétaire n'apparaît pas. Or cette voie est encore bloquée par la crise monétaire et financière, toujours sans solution.