1994
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Roger E. Kanet et al., « La résolution des conflits : le rôle de la Fédération de Russie », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1994.2648
Les changements révolutionnaires de ces dernières années, qui ont abouti à la fin de la guerre froide, à l'effondrement de l'empire soviétique en Europe centrale et orientale et, enfin, à la désintégration de TÉtat soviétique, ont eu d'énormes répercussions sur la Fédération de Russie, principal État successeur de l'U.R.S.S., et son approche des conflits régionaux. Sur fond d'opposition interne croissante, le président Eltsine et le ministre des Affaires étrangères, M. Kozyrev, ont axé leur doctrine de politique étrangère sur la coopération avec l'Occident, comme moyen essentiel d'entrer dans la communauté des nations « civilisées » et de faciliter la démocratisation et la transition vers le marché en Russie. Cette ligne politique a, du moins officiellement, poussé le gouvernement russe à privilégier la négociation et la coopération pour tenter de résoudre les conflits ayant éclaté dans le « proche étranger » (les États non russes ayant succédé aux anciennes républiques soviétiques). Ailleurs, par exemple en ex- Yougoslavie et dans le monde en développement, la Fédération de Russie a joué un rôle plus modeste dans la résolution des conflits locaux et, en règle générale, a soutenu les initiatives occidentales. L'attitude future de la Russie à l'égard des conflits dépendra pour une large part de l'issue de la lutte interne pour le pouvoir qui y sévit. Même les éléments libéraux et démocratiques, formant le gouvernement actuel, ont souvent du mal à traiter leurs nouveaux voisins en égaux, en États souverains à part entière. Et cela d'autant plus que la conception de l'intérêt national russe, qui est en train de se forger, tend à se heurter aux intérêts des nouveaux pays bordant la Russie. Si une équipe gouvernementale plus nationaliste accédait au pouvoir à Moscou, elle serait certainement plus affirmée, voire aggressive, dans son approche des conflits régionaux survenant au « proche étranger » et moins coopérative avec l'Occident quant aux conflits éclatant dans d'autres régions du monde.