1970
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Philippe Herzog, « Eléments pour une critique des théories de la croissance (II) », Revue économique, ID : 10.3406/reco.1970.407923
Les modèles de croissance sont parfois présentés comme des représentations abstraites permettant ou proposant une pratique s'appliquant à l'ensemble de la base économique du système capitaliste. Il est vrai que des modèles macro-économiques post-keynésiens ou néo-classiques sont utilisés dans l'appareil de prévision-planification. Mais il est très difficile d'établir dans quelle mesure l'intervention économique de l'Etat dépend de ces travaux, et dans quelle mesure ces travaux ne sont qu'une représentation idéologique de cette intervention. Sans aborder ici cette question majeure, on veut montrer que si les praticiens butent invariablement sur les mêmes difficultés, qu'ils laissent sans solution, c'est en raison de leur méthode. Ils pensent leur pratique (implicitement ou non) en termes scientistes (dans les variantes velléitaires ou déterministes) et sont incapables d'éprouver la valeur de leurs schémas par une analyse de leur pratique sociale. Les modèles de croissance n'ont pas de valeur comme représentations systématiques de l'économie capitaliste, et ne fondent de pratique sociale -qu'essentiellement idéologique. Mais leur critique est très délicate : en effet, ils ne se présentent pas spontanément comme produits idéologiques, mais prennent le masque d'instruments techniques effectifs d'une pratique économique.