1978
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Henri Sterdyniak et al., « Change, inflation et intérêt : un modèle », Revue économique, ID : 10.3406/reco.1978.408419
L'objet de cet article est de clarifier les mécanismes mis en jeu dans un régime de changes flexibles pour un pays de taille moyenne comme la France et de proposer une réflexion sur les particularités des ajustements économiques actuels. A cette fin, il présente sous forme de modèle une extension critique du schéma traditionnel keynésien développé par Fleming et Mundell. Ce modèle intègre des analyses de type monétariste : flexibilité des prix, rôle de la formation des anticipations, comportement patrimonial, pour expliquer les mouvements de capitaux. Il présente de plus la particularité de refuser l'hypothèse de contrôle de l'offre de monnaie, qui est inadéquate, en tous cas pour la France et d'incorporer une description plus fine des phénomènes monétaires. Cela implique qu'il n'existe plus, dans le modèle, de taux de change d'équilibre qui guiderait des anticipations rationnelles et nécessite la gestion du flottement par les autorités monétaires. Enfin, la description du comportement d'offre des entreprises essaie d'échapper à la fois à l'hypothèse keynésienne d'illusion monétaire et à l'analyse monétariste de taux de chômage naturel. Ce modèle est chiffré dans le cas français et utilisé pour étudier l'impact de différents aléas et de diverses politiques économiques selon le régime de change et la mobilité des capitaux. L'étude montre le rôle central joué par le taux de change en régime de changes flexibles, notamment comme canal de transmission de la politique monétaire. De ce fait, il devient de plus en plus difficile de faire varier l'activité sans modifier les prix : ces deux variables sont plus asservies en régime de flottement qu'en changes fixes. L'interaction entre prix et activité implique qu'on ne peut guère réduire l'inflation sans réduire la croissance. La principale conclusion est relative à l'instabilité de l'économie en changes flottants que révèlent les simulations. Ce résultat ne provient ni de la partie réelle du modèle, ni de l'hypothèse faite sur les élasticités critiques, mais de l'interaction entre régime de change et système financier : en changes fixes, le cycle inflationniste est freiné par la perte de compétitivité et de réserves officielles qui entraînent la hausse du taux d'intérêt et la baisse de la demande adressée aux producteurs nationaux ; en changes flexibles, la chute du change surcompense la hausse des prix. Si les revenus des ménages sont indexés rapidement sur l'inflation, si les réactions des autorités monétaires ne sont pas suffisantes, un processus cumulatif se développe.